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Jimmy The Kid de retour au Loup

Publié le 05.07.2021

 

Jimmy The Kid est de retour au Théâtre du Loup, du 6 au 18 juillet! Après le très grand succès remporté par ce spectacle à sa création, le Loup relance cette savoureuse adaptation du roman de Donald Westlake. Dirigée par John Dortmunder, l’équipe de cambrioleurs la plus malchanceuse de la littérature policière s’y essaie au rapt d’enfant. Mais comme d’habitude, rien ne se passe comme prévu. Et surtout pas l’enfant, qui ne correspond pas à l’idée que les uns et les autres s’en faisait.

Grande production par son décor et sa distribution, le spectacle renoue avec bonheur avec l’humour du roman, et d’autant plus volontiers que le metteur en scène Eric Jeanmonod se dit un grand fan. L’histoire se déroule dans un New York des années 70, une lointaine époque où les téléphones avaient tous des fils. La création du spectacle remonte elle aussi au monde d’avant, à il y a deux ans. Pour cette reprise, la distribution est légèrement modifiée, David Casada et Julien George reprenant deux des rôles principaux. Paroles de nouveaux arrivants.

 

Aviez-vous déjà lu Jimmy The Kid? Un roman de la série Dortmund? N’importe quoi de Donald Westlake?

Julien George et David Casada: Non, pas du tout! Mais nous avions vu le spectacle à sa création.
Julien George: Ce qui m’avait frappé, c’est que c’est un tout public, très bien construit. Le public habitué va en retirer quelque chose. Et les gens qui n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre vont découvrir une histoire qui se déroule, mouvementée, avec des retournements de situation. Je me rappelle avoir passé un excellent moment. Et les solutions théâtrales sont extraordinaires, je pense notamment aux voitures, où l’imagination du spectateur est mise à contribution. C’est assez jubilatoire!

 

Comment avez-vous découvert l’univers et l’humour de cet auteur?

Julien George: Je le découvre à travers la passion d’Eric (n.d.l.r.: Jeanmonod, metteur en scène). Pour avoir un peu papillonné, dans un deuxième temps, dans le roman, j’ai compris pourquoi il est autant fan. Cela fait appel à l’enfance, c’est un humour de sale gamin, insolent. C’est un espace de liberté où on dirait des choses qu’on ne voit pas dans la vie.
David Casada: L’humour découle du choc entre les personnages, qui sont très dessinés, très typés. Par exemple le chauffeur de l’équipe de malfrats, Stan, connaît tous les itinéraires, mais il se perd chaque fois qu’il essaie d’expliquer par où il veut passer. Et il y a le postulat de départ: le chef des cambrioleurs, Dortmunder, en veut à Kelp, qui essaie de le convaincre de monter un coup. Cela sous-tend toute la suite.

 

Dans une comédie, les comédiens sont parfois pris dans une mécanique de précision. Est-ce le cas?

Julien George: Nous avons de l’espace pour jouer. C’est surtout au niveau des transitions entre les scènes que des timings sont super-précis. Mais en réalité le comique de ce spectacle ne repose pas que sur le rythme, il est davantage lié aux rapports entre les personnages au fil des situations

 

Ce spectacle est aussi présenté comme un hommage à un certain cinéma américain des années 70. Comment vit-on cela en tant que comédien?

Julien George: Nous ne jouons pas «années 70». Tout est dans l’adaptation, dans les musiques qui accompagnent le spectacle. Il y a aussi des éléments, qui jouent sur les rapports entre les hommes et les femmes, qui sont jubilatoires à mettre en avant, mais parce qu’ils font référence au passé. Mais hormis l’aspect des communications téléphoniques, le spectacle pourrait sans problème être transposé dans les années 2020.

 

Vous avez la particularité, dans une distribution par ailleurs inchangée, de ne pas avoir participé à la création du spectacle il y a deux ans, et de reprendre les rôles de Dortmunder et de Kelp. Comment cela se passe-t-il?

David Casada: Quand on reprend un rôle créé par un autre comédien, notre travail consiste à nous approprier ce qui a déjà été fait. Pour Jimmy The Kid, outre l’avantage d’avoir vu le spectacle lors de sa création, nous avions une captation vidéo du spectacle, qui nous aide à construire les scènes.
Julien George: Pour une reprise, les conditions de préparation ont été assez luxueuses. Nous avons eu deux semaines de répétitions en mars (n.d.l.r.: entre deux reports, le spectacle avait été, un temps, programmé ce printemps). Ensuite, les rôles avaient été créés et bien créés. Toutes les interrogations dramaturgiques ont déjà été posées et résolues. Pendant les répétitions, nous étions exclusivement dans le faire. Nous savions que ce qui nous était proposé fonctionnait. En résumé, quand nous arrivons, les charentaises sont tièdes, devant la cheminée, nous n’avons plus qu’à les enfiler!
David Casada: Et nous avons été très bien accueillis par l’équipe!

 

Tout de même, vous ne vous livrez pas à une imitation des personnages créés par Frédéric Landenberg et David Gobet?

Julien George: On peut comparer cela à une traduction. Selon André Markowicz , le traducteur doit adapter ce qui est écrit dans une langue - qui est aussi une manière de penser - dans une autre langue – et donc une autre manière de penser. Nous faisons le même travail à notre niveau. Nous connaissons à peu près notre instrument de comédien, et nous adaptons. Quand je visualisais la captation, je voyais que Frédéric Landenberg s’éloignait parfois aussi un peu du texte. Parfois je suis revenu au texte, en fonction de ce qui me convenait le mieux. C’est le début du travail d’adaptation, mais en substance cela reste le même spectacle. C’est difficile d’en parler pour soi. Mais je vois une différence entre les Kelp de David Gobet et de David Casada. Celui de David Gobet affrontait les situations de manière presque détachée, ce qui leur conférait un aspect comique. Celui de David Casada est plus investi, plus terrien, et son caractère comique traverse différemment le corps de l’acteur. Mais sur l’ensemble, la différence n’est pas énorme.

David Casada: J’ai plus de difficultés à faire des comparaisons. Tout me semble très subjectif. Dans ma préparation, je me suis concentré sur la captation, sur les ressorts des scènes, les mécanismes et le rythme. Et quand on passe au travail de tableau, on réalise que l’énergie des comédiens que l’on avait perçue sur captation est très différente. C’est vrai quand je me retrouve face à Julien après avoir vu Fred, mais c’est aussi vrai avec les autres. Donc en répétition, quand je travaille, je suis avec Julien – je ne pense pas du tout à Fred.

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Jimmy The Kid
Du 6 au 18 juillet au Théâtre du Loup, Genève. Dès 10 ans

Informations, réservations:
theatreduloup.ch
+41 (0)22 301 31 00

Eric Jeanmonod, mise en scène
Avec Janju Bonzon, David Casada, Baptiste Coustenoble, Julien George, Thierry Jorand, François Nadin, Philippe Raphoz, Lola Riccaboni, Rossella Riccaboni et les enfants Roméo Nadin et (en alternance) Emil Zurn

Interview du metteur en scène Eric Jeanmonod réalisé à l'occasion de la création du spectacle en 2019

 

 

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