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Musique

Mercredi

22 Mai 2024
22 Mai 2024
La Voix Humaine, de Poulenc, une tragédie lyrique avec Véronique Valdès et Titta Carvelli à découvrir le 22 mai 2024 à la Salle Trocmé, Genève.

“Écoute, mon amour. Je ne t’ai jamais menti.” Véritable « one-woman show » de quarante-cinq minutes, La Voix humaine de Francis Poulenc est un chef-d’œuvre et un objet musical saisissant.

Le livret de cette «tragédie lyrique en un acte» reprend, presque au mot près, la puissante pièce du même nom écrite par Jean Cocteau: une femme («c’est moi, comme Flaubert disait «Bovary, c’est moi»», commente Poulenc) répond à l’appel téléphonique de son amour qui s’apprête à la quitter.

Au cours de cette ultime conversation, elle traverse une myriade d’états émotionnels, passant de la plaisanterie à la passion, de la menace de suicide aux cajoleries, des regrets aux accès de violence.

Nous est ainsi crûment montrée une radiographie des sentiments humains d’une implacable justesse et d’une douloureuse modernité. Tenu en haleine en n’entendant qu’une moitié de ce dialogue téléphonique, le spectateur imagine lui-même les réponses de l’amant invisible.

Les interventions de ce dernier sont en effet suggérées par la partie instrumentale et les réactions de la protagoniste, seule en scène du début à la fin de la pièce. Finalement vient l’inéluctable: il faut bien se résoudre à raccrocher.

Poulenc réussit le tour de force de mettre en musique le texte de Cocteau d’une manière plus proche que jamais du parlé réel, rendant compréhensible chaque parole. L’on assiste ainsi à un rare et remarquable amalgame entre chant lyrique et théâtre de prose, imposant à la cantatrice de se faire également comédienne. Pour achever de nous convaincre d’être en présence d’une composition irrévocablement marquante, écoutons Denise Duval, muse et âme sœur de Poulenc, créatrice de l’œuvre en 1959: «La Voix humaine est une expérience toujours renouvelée et toujours bouleversante pour l’interprète comme pour les spectateurs [...] il faut savoir s’y donner absolument, comme on se donne à la vie».
Francis Poulenc, musique - Jean Cocteau, texte
Véronique Valdès, mezzo-soprano - Titta Carvelli, piano

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