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Vivre et grandir avec les classiques

Publié le 20.02.2019

 

Le violoniste Amaury Coeytaux sera à Genève le 5 mars, pour un programme de L’Orchestre de Chambre de Genève au cours duquel il interprétera, sous la direction de Simon Gaudenz, l’ouverture d’Hermann et Dorothée OP.136 de Robert Schumann, le Concerto en ré majeur OP.35 de Piotr Ilitch Tchaïkovski et la Symphonie n°1 en do mineur OP.11 de Félix Mendelssohn.

Violoniste prodige et précoce, Amaury Coeytaux a obtenu un Masters en 2005 à la Manhattan School of Music, et l’Artist Diploma en 2008. Il avait alors déjà fait ses débuts au Carnegie Hall (2004). Il a remporté de nombreux prix en 1997 et 2008. En 2012, il est nommé violon solo de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whung Chung. En marge de sa carrière de soliste international, il a rejoint en 2017 le Quatuor Modigliani.

Au cours d’un entretien téléphonique avec leprogramme.ch, il s’est exprimé sur l’évolution de la perception des grandes œuvres qu’un musicien est amené à interpréter tout au long de sa carrière.

 

Comment s’est établi le programme de la soirée Drames et sérénité du 5 mars?

Comme c’est souvent le cas, il s’est discuté avec le directeur musical (n.d.l.r.: Arie van Beek). Mais disons que le Concerto en ré majeur OP.35 de Tchaïkovski est une œuvre appréciée des violonistes! Il contient énormément de choses, tant musicalement que techniquement. La richesse des thèmes, qui permet de passer par toutes les émotions, et la grande force que peut développer l’orchestre, en font une des œuvres les plus appréciées du répertoire.

 

Avez-vous un rapport particulier avec ce grand classique?

Je le joue depuis longtemps. Il y a donc beaucoup de souvenirs de concerts, de partage avec des orchestres.

 

Selon vous, pour obtenir un programme équilibré, quelles caractéristiques doivent avoir les pièces qui l’accompagnent?

C’est très personnel, je ne crois pas qu’il y a des règles. Il est possible de privilégier un programme russe, d’être très tranchant: différentes options peuvent s’avérer cohérentes. C’est au directeur musical d’en décider.

 

Comment, combien de temps passez-vous à préparer l’interprétation du concerto de Tchaïkovski?

Ce n’est pas quantifiable. La première fois que je l’ai joué, j’avais 13 ans. Depuis, il ne m’a jamais quitté. Il est de toutes les saisons, je sais qu’après Genève, je vais le rejouer en avril en Espagne. Le reprendre ne demande pas forcément de beaucoup le travailler "physiquement". Mais y repenser, se replonger dans la partition pour y découvrir ou y redécouvrir quelque chose.

 

Vous mentionnez une interprétation publique à l’âge de 13 ans. Vous avez la particularité d’avoir été très précoce. Comment une œuvre évolue-t-elle alors, à mesure que l’interprète atteint l’âge adulte?

Je pense que le point principal est que quand on est aussi jeune, on ne connaît pas encore très bien beaucoup d’autres œuvres du compositeur. On connaît peut-être certaines sonates, mais pas la musique de chambre. Puis la connaissance progressive du répertoire impacte progressivement sur la perception du concerto, sa construction, ses phrases. C’est pour l’essentiel un processus évolutif. La différence se fait sur la connaissance en profondeur, sur la culture, sur la compréhension de l’influence d’autres compositeurs – ou des hommages à d’autres compositeurs que certaines phrases peuvent receler. Ensuite, ce sont les musiciens et les orchestres avec lesquels on collabore qui permettent d’aller encore plus loin. Le travail avec différents pianistes par exemple, va permettre de s’approprier encore davantage ce que l’on va présenter au public.

 

En parallèle à la carrière de soliste qui vous amène à Genève le 5 mars, vous participez au Quatuor Modigliani. Comment comparer les deux pratiques, relativement à notre thème de l’approfondissement de la connaissance d’une œuvre?

Avec le Quatuor Modigliani, nous tournons beaucoup actuellement avec le Quatuor à cordes n°3 ou avec Souvenirs de Florence de Tchaïkovski. C’est toujours une chance de pouvoir interpréter régulièrement toutes ces œuvres dans des conditions aussi belles. J’ai parfois l’impression de pouvoir découvrir comment le compositeur lui aussi a évolué. Toutes ces facettes se complètent et permettent de mieux saisir l’ensemble.

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Drames & sérénité, Concert de soirée n°3 de L'Orchestre de Chambre de Genève, mardi 5 mars à 20h00 au Bâtiment des Forces Motrices (BFM) à Genève.

Simon Gaudenz, direction
Amaury Coeytaux, violon

Renseignements et réservations au +41.22.807.17.90 ou sur le site www.locg.ch

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