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Une princesse du jazz à l’Epicentre

Publié le 26.11.2015

 


Figure de proue de la 8ème édition du festival Swing in the Wind d'Estavayer-le-Lac cet été en duo avec André Manoukian, élue chanteuse de l’année aux Echo Jazz Awards 2013 en Allemagne, Malia a récemment travaillé avec le Suisse Boris Blank du fameux groupe Yello pour son opus Convergence. Cette authentique jazzwoman sortira en avril prochain son nouvel album Malawi Blues / Njira chez Universal Jazz, un retour aux sources très attendu. Rencontre avec la diva du jazz contemporain à l'occasion de son concert avec André Manoukian le 05 décembre prochain à l'Epicentre.

 

 

Née au Malawi d'une mère africaine et d'un père anglais, un couple progressif pour l’époque, Malia grandit dans son pays natal où la radio locale la nourrit de musiques traditionnelles africaines et son père, de sa collection de disques des Beatles. A la fin des années 80 sa famille émigre à Londres. L’adolescente y découvre la musique de Billie Holiday, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald et particulièrement Nina Simone, dont la musique a inspiré le mouvement des droits civiques des années soixante dans l'Amérique noire. «Toutes les expériences de ces chansons, je les ai moi-même vécues et comprises». Malia aime d’ailleurs à dire que «le jazz est la bande originale de sa vie».

C’est aussi avec ces morceaux que de répétitions dans les garages de ses amis, elle commence à donner ses premiers concerts dans des bars et des restaurants de Londres. Sur la trace de ses idoles, elle tente l’aventure américaine. Dans un restaurant new-yorkais, Malia entend un jour une chanson de Liane Foly et tombe sous le charme de sa musique pop-jazz. De retour en Angleterre, elle décide de contacter André Manoukian, le producteur de Liane Foly. En incontestable découvreur de talents, celui-ci tombe instantanément sous le charme de la sublime voix de Malia et réalise son premier disque, Yellow Daffodils, en 2002, avec Erik Truffaz à la trompette. De leur collaboration naît encore Echoes of Dreams en 2004 et Young Bones en 2007. En 2012, Malia, en proie avec un cancer du sein, livre un bel hommage à Nina Simone à travers Black Orchid en s’entourant notamment du pianiste Alexandre Saada. En 2014, c'est à l'ingénieur du son et  membre du groupe Yello, Boris Blank, qu'elle s'allie pour le projet à la fois moderne et intemporel intitulé Convergence, mêlant sa voix néo-soul sur fond d'électro. Elle travaille actuellement sur l’album Malawi Blues / Njira qui sortira en avril 2016.

 

Vous retrouvez André Manoukian pour une série de concerts mêlant des standards du jazz à vos compositions. Une vraie histoire d’amour musicale?

Nous aimons ce que chacun propose musicalement et nous adorons par-dessus tout jouer ensemble. Nous avons choisi de faire se côtoyer nos chansons avec des reprises de Nina Simone, Etta James ou encore Billie Holiday pour que ces standards du jazz continuent à être diffusés au public. Avec André nous sommes constamment en contact et je l'appelle souvent pour avoir son avis de professionnel. Nous projetons toujours de faire quelque chose ensemble, reste à savoir quelle forme cela prendra.

 

Vous parlez volontiers du cancer du sein que vous avez eu en 2012, cela a-t-il eu une incidence sur votre musique?

Oui, ce diagnostic a eu une influence très positive sur ma musique. Je me suis plus attachée au sens profond des choses. Pendant mon traitement, la musique m’a vraiment aidée à guérir. Dans cet état de détachement, je voulais faire quelque chose d'apaisant pour l'âme justement, mais aussi de profond, et l’œuvre de Nina Simone exprime cela. J’ai donc enregistré Black Orchid, en hommage à cette chanteuse avant-gardiste et revendicatrice. Elle m'a aidée à traverser la chimio et je souhaite que cet album apporte réconfort à toutes les femmes qui vivent cette situation difficile. Durant cette période et dans ce même état d’esprit de chaleur humaine, j’ai conçu l’album Convergence avec Boris Blank. J’aime apporter de la douceur et de la tendresse à travers ma musique à tous ceux qui en ont besoin et je suis fière d’y être parvenue dans cet album. Boris Blank m'a vraiment beaucoup appris sur le plaisir du son. Dans la musique, il tisse les sons d’une façon étonnante, un peu comme une image en 3D.

 

 

Vos textes parlent de l’amour, de la spiritualité, de l’esclavage, de la maladie et de la condition féminine. En tant que femme engagée, souhaitez-vous vous exprimer sur les événements récents de Paris?

Je dirais simplement que cela me rend profondément triste, et penser que des gens partout dans le monde vivent chaque jour la violence de la guerre m’horrifie. Imaginer ces enfants innocents être témoins et obligés de vivre cela est insupportable. Cela met l’accent sur la destruction que la violence apporte pour les générations à venir.

 

Quand revenez-vous en Romandie pour ceux qui se mordront les doigts de n’avoir pu venir à L’Epicentre?

Peut-être pour mon nouvel album intitulé Malawi Blues / Njira qui sortira en avril 2016, dédié au Malawi où j’ai passé mon enfance. Njira désigne le chemin du destin, le voyage… J'ai aussi réenregistré mon album Echoes of Dreams avec mon ami Alexandre Saada. L'idée était de faire un album en un jour et nous l’avons fait! Cette version est dépouillée, avec seulement la voix, le piano et des cordes et quelques nouveaux arrangements.

 

Quels sont vos projets?

Je travaille sur un projet plus pop, mais j’ai également très envie de faire un disque avec un violoncelle uniquement, pour lequel je commence à écrire des textes. J’ai aussi envie de peindre davantage et d’écrire de la poésie.

 

Alexandra Budde

 

Malia et André Manoukian en concert à l'Epicentre à Collonge-Bellerive le samedi 05 décembre 2015 - Concert complet

Les prochains concerts à l’Epicentre: Mariama et Awa Ly le 27 février et Daran le 05 mars 2016

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