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Un sommet sur le climat - avec optimisme et sourire

Publié le 06.04.2022

Le Théâtre Am Stram Gram s'attaque au climat. Du 8 au 10 avril, Climat, Réchauffement? Des solutions, des solutions, des sollutions! proposera des spectacles, une fête, mais aussi beaucoup d'occasions de réfléchir et d'échanger. Le directeur de l'institution, Joan Mompart insiste sur le caractère inter-générationnel de sa démarche. Sur un programme portés par des experts reconnus, et de multiples occasions de découvrir des faits vérifiés. Sur l'importance de donner la parole aux jeunes et de les écouter. Sur la nécessité pour un théâtre considéré comme une maison d'art de se laisser porter par cette parole. En fait, Joan Mompart insiste sur tous les aspects et les espoirs de son beau projet. Et il en parle très volontiers.

Quelle réflexion vous amène à organiser des Agora? Sur le thème de Climat, réchauffement du 8 au 10 avril - après un premier événement Et les filles? en novembre dernier?

Joan Mompart: Une de mes premières constatations lorsque j’ai imaginé le projet pour le théâtre Am Stram Gram, c’est que la jeunesse n’est plus la même qu’il y a 10 ans. Aujourd’hui il y a de plus en plus d’adolescents qui descendent dans la rue pour manifester et qui s’expriment. Et au delà de ces phénomènes sociaux, nous avons constaté lors de nombreuses représentations scolaires, une forte envie de participer chez les jeunes.

Pour prendre un exemple, dans des spectacles de plain-pied (sans scène surélevée), des artistes se sont étonnés de voir les enfants investir leur espace de travail. C’est je pense le signal d’une envie de dialogue.
 Ensuite, de ma perspective, ce dialogue se doit d’être inter-générationnel. Pour trouver des accords, il faut se mélanger, c’est la base pour pouvoir sauver le monde!!!



Votre prédécesseur Fabrice Melquiot avait déjà lancé un comité de programmation inter-générationnel…


Ce comité est une idée fantastique. L’Agora est une manière d’aller encore plus loin pour capter la parole la jeunesse et dialoguer. J’essaie de développer et de démocratiser ces échanges. 


Des exemples?

Il suffit de se plonger dans le programme des trois jours de l’Agora. Il y a une landsgemeinde, dans laquelle les participants seront encouragés à s’exprimer. Pour cela, nous faisons appel un fantastique prestidigitateur de la parole, à une sorte de clown philosophe, Antoine Frammery, qui proposera aux participants des questions portant sur les zones grises où nous ne sommes pas consensuels. Par exemple, dans des mesures favorables au climat qui toucherait à notre petit confort intime.

Le but de cet animateur est de rendre les enjeux concrets à la hauteur d’enfant, afin de les faire réagir. Les résultats de la landsgemeinde seront transmis au Conseil Fédéral.



Qu’est ce qui selon vous va sortir de ce projet?

Nous espérons développer un dialogue qui va impacter sur notre mission de maison d’art. Déjà en novembre dernier, avec le spectacle Les contes japonais, de Chiara Guidi, la comédienne sur le plateau demandait au public de réfléchir sur le vide et sur le rien. Un enfant a répondu «le Vide, c’est ma chambre quand je ne suis pas là, et le Rien, c’est le désert sans le sable», un autre a avancé que «Le Vide, c’est l’espace, le Rien, c’est le Diable». Ces échanges pouvaient intégrer le spectacle dès la représentation suivante!

Ces témoignages que nous cherchons à provoquer constituent un apport philosophique inédit, qui rentre donc dans le champ d’écriture d’un spectacle.








Sur trois jours, le programme s’articule autour de deux spectacles, SOL et Seul comme un dodo, de Simon Cheype.

SOL sera joué chaque jour. A la base, il y a la climatologue et glaciologue Célia Sapart, qui, confrontée à l’évolution de la situation climatique, a délaissé son travail de chercheuse pour se tourner vers un travail de transmission, à destination notamment de la jeunesse. Elle a écrit un livre pour éveiller les enfants à cette thématique, Émilie Blaser l’a adapté et mise en scène.



Vous proposez aussi des jeux et des ateliers, préparés par des associations. De quoi s’agit-il?

Oui, grâce à une belle collaboration avec les Global Shapers, avec la coordination de notre dramaturge Hinde Kaddour et de l’équipe d’Am Stram Gram, nous proposons des jeux avec Terragir, des ateliers de permaculture avec le Collectif Graine de carotte, et d’écriture de slogans avec Romain Prina. Il y aura aussi des intervention des activiste de la La Grève pour le Climat et du mouvement Extinction Rebéllion.

Enfin nous avons prévu une grande fiesta: une soirée dansante avec les enfants, les jeunes et les parents. Cela correspond parfaitement à l’esprit d’une agora trans-générationnelle telle que nous la concevons.






N’est-il pas difficile de susciter un débat autour d’un thème comme le changement du climat? Qui est favorable aux catastrophes en cours ou annoncées?

Je ne sais pas ce qui va se passer. Mais dans le précédent débat, lorsque nous avons échangé sur un changement de la règle grammaticale qui fait que le masculin prime sur le féminin, certains n’étaient pas d’accord. Il y avait une personne qui travaillait dans l’écriture qui ne voulait rien changer. Nous avons eu aussi de beaux échanges sur la question: est-ce que les garçons ont le droit de pleurer.

Quand on donne la parole aux gens, il faut accepter leurs propos. Typiquement, quand on invite des jeunes de la Grève contre le climat, on a une idée de ce qu’ils vont dire. Dans ce contexte, mon travail est celui d’un aiguilleur, qui prend cette parole-là, puis qui, dans une démarche artistique, va apporter un ré-enchantement de la thématique. Le titre de l’Agora précise Des solutions, des solutions, des solutions. Nous ne sommes pas dans une démarche défaitiste.

Et ceci en bénéficiant de l’apport de scientifiques reconnus.

Le dernier point est très important. J’ai senti le besoin d’avoir un supplément de littéralité, de pouvoir nommer les choses. Par exemple, Célia Sapart n’avance rien qui ne soit pas vrai. Au fil de l’Agora, les participants vont apprendre des faits validés scientifiquement.

Qu’est-qu’une Agora réussie?

Le but ultime, c’est l’échange inter-générationnel. Nous avons l’impression de la pratiquer tout le temps et cela semble une évidence. Personnellement, j’ai le sentiment que c’est le contraire. On laisse la jeunesse manifester, on la félicite. Mais ensuite, il ne se passe rient. Comme l’a dit Greta Tunberg: «Bla Bla Bla». Et pour le théâtre? Je crois qu’un projet de spectacle peut naître d’une parole d’enfant dans un moment d’échange: je suis sûr que le contenu de ces agoras va influer sur nos saisons futures.

Propos recueillis par Vincent Borcard


AGORA: Climat, réchauffement? Des solutions! Des solutions! Des solutions!


Avec SOL, de Célia Sapart et Emily Blaser
Et des spectacles, des jeux, des ateliers, une landsgemeinde, une fiesta!!! Tout Public
(certaines activités sont gratuites)

Programme complet, informations, réservations:
https://www.amstramgram.ch/fr/programme/climat-rechauffement-des-solutions-des-solutions-des-solutio