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Quatuor Zaïde: la passe de deux aux Athénéennes

Publié le 02.06.2023

A l’affiche des Athénéennes le 9 juin, le Quatuor Zaïde tire son nom en référence direct au singspiel inachevé de Mozart et à son héroïne. Cet ensemble exclusivement féminin a démontré, au fil des ans, qu’il n’avait rien à envier aux autres!

 Lauréates de nombreux prestigieux concours tels que le Concours de l’ARD de Munich, la Beijing International Music Competition ou la Banff International String Quartet Competition, les quatre musiciennes ont foulé les plus grandes scènes, dont le Wigmore Hall de Londres, les Philharmonies de Berlin, Cologne et Paris, le Concertgebouw d'Amsterdam, le Théâtre des Champs-Elysées, le Konserthuset de Stockholm, ou le Musikverein de Vienne.

Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulin, Sarah Chenaf et Juliette Salmona font escale à Genève pour deux concerts au cours de la même soirée.

 Le premier, classique avec le pianiste Julien Quentin, et un deuxième dans un programme jazz avec le Sylvain Rifflet 4tet.

Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec Charlotte Maclet, premier violon du Quatuor Zaïde.



Vous êtes au programme de deux concerts consécutifs aux Athénéennes. Comment gérez-vous l’endurance?

Charlotte Maclet: C’est évidemment un petit challenge, mais on a fait pire! Nous avons récemment joué, à Linz, le Quatuor à cordes n°2 de Morton Feldman. Il dure 5h, sans pause, donc niveau endurance, il n’y a plus rien qui puisse nous faire peur! (rires). C’est un programme qui nous avait été proposé par la Brucknerhaus de Linz et qui nous a beaucoup intéressé, car nous travaillons avec des techniques «alternatives» comme la méditation.

Nous nous sommes dit que c’était l’occasion d’intégrer activement dans notre jeu des techniques de méditation, retrouver l’énergie quand on est épuisées, la force en soi, dans les autres, dans ce qui nous entoure. Ce sont des choses qui font du bien dans la vie de tous les jours, mais encore plus quand nous sommes confrontées à des programmes longs.



Vous jouerez notamment dans un programme de jazz avec le Sylvain Rifflet 4tet. Peu habituel pour une formation classique, mais vous semblez avoir l’habitude de vous plonger dans ce style.

Le Quatuor a une bonne histoire avec le jazz; nous avons fait beaucoup de collaborations. Nous avons notamment joué avec Marion Rampal, Yaron Herman (à l’affiche des Athéniennes le 6 juin, ndr), Michel Portal…

Nous aimons les projets qui mélangent un peu les mondes; cela ne nous fait pas peur. Aller à la rencontre les uns des autres, c’est ce qui nous enrichit. C’est beau d’exceller dans un domaine et de tout de même pouvoir s’intéresser à d’autres pratiques, c’est toujours un plus.

Votre partition est-elle entièrement écrite, ou comporte-t-elle une grande part d’improvisation?

Souvent, les jazzmen utilisent le quatuor comme un soutien mélodique, pour donner de l’ampleur, donc la plupart du temps, tout est écrit. Après, tout dépend de comment se passe la collaboration et de ce que chacun peut proposer.





Pour le premier concert, vous jouerez un quatuor à cordes et un quatuor avec piano. N’est-ce pas dommage d’avoir scindé le groupe et ne pas avoir privilégier un quintette comme Schumann?

Nous avions déjà joué le quintette de Schumann avec Théo Fouchenneret la dernière fois que nous étions venues. La thématique des Athénéennes, cette année, est le cinéma, et comme le quatuor de Mahler a été utilisé dans des films, leur choix s’est porté sur cette œuvre. On ne s’en plaint pas, c’est une pièce magnifique!

C’est Leslie, second violon du quatuor, qui jouera la partie de violon, et ça correspond parfaitement à son jeu. Il y a quelque chose de très terrestre; je trouve ce quatuor presque visuel et j’imagine de la lave volcanique, des éruptions... Le son qu’elle a se prête très bien à l’œuvre.

Le Quatuor Zaïde répète quasiment tous les jours ensemble, et quand un autre artiste se joint à vous, le travail est forcément différent. N’est-ce pas un risque de déséquilibrer l’homogénéité?

J’ai eu l’occasion d’entendre le reste du quatuor jouer Mahler à l’Auditorium de Dijon le 15 mai dernier, et c’était magique. C’est hyper impressionnant de se dire que - même pour un quatuor qui travaille depuis des années ensemble pour créer un son - si je ne suis pas là, ce n’est pas grave; l’énergie et la puissance qui caractérisent le Quatuor Zaïde sont toujours très présentes.

C’est toujours agréable d’entendre des musiciens de chambre qui ont l’habitude de jouer ensemble accueillir quelqu’un d’autre, parce qu’il y a un socle très solide qui facilite l’intégration du piano. C’est plus facile de trouver l’équilibre entre deux énergies. Mais c'est génial comme travail! Le piano offre une amplitude qui nous permet de nous ouvrir encore plus. C’est une bouffée de fraîcheur et d’inspiration!





Le Quatuor a un son qui lui est propre, mais c’est aussi le cas de Julien Quentin. Dans ce cas, essayez-vous de trouver un son commun, ou privilégiez-vous vos individualités?

À vrai dire, avec le Quatuor Zaïde, nous ne travaillons pas à construire un son de quatuor qui a vocation à être notre son pour tous les programmes. Selon ce que l’on joue, nous n’allons évidemment pas avoir le même son, ni les mêmes techniques. Selon les compositeurs et les époques, par exemple, nous aurons tendance à tenir l’archet plus ou moins haut; on s’adapte aux esthétiques. C’est presque une approche archéologique - notre approche du son se fait par projet.

Même si nous gardons des éléments caractéristiques qui nous sont propres, notre son sera celui d’une rencontre et qui résultera d’une recherche, d’une écoute, d’un partage. C’est plus intéressant que d’arriver avec nos certitudes et de vouloir imposer quelque chose.

Le travail de justesse du quatuor à cordes est aussi différent et presque plus délicat, mais j’imagine que vous avez l’habitude de vous adapter?

En quatuor, c’est délicat, il faut essayer, discuter... Nous pouvons décider de jouer des notes plus ou moins basses, des tierces plus ou moins larges selon l’effet que l’on veut produire ou les tensions que nous voulons mettre en lumière. C’est l’avantage et l’inconvénient de l’intonation juste.

Le piano, lui, est tempéré et la justesse ne se discute pas. Il est un peu comme le bras de la justice qui est là pour nous garder dans un cadre, et nous devons nous adapter à son tempérament son intonation. C’est toujours un travail d’écoute enrichissant.

Propos recueillis par Sébastien Cayet


Quatuor Zaïde aux Athénennes

Ve 9 juin, 20h
Quatuor Zaïde et Julien Quentin, piano
Debussy, Des Pas sur la Neige, Clair de lune - Mahler, Quatuor pour piano et cordes en la mineur - Schubert, quatuor à cordes en ré mineur, D. 810 La jeune fille et la mort

Ve 9 juin, 21h30
Sylvain Rifflet 4tet et Quatuor Zaïde

Informations, réservations - possibilité d'acquérir des billets concert par concert ou pour la soirée intégrale:
https://www.lesatheneennes.ch/billetterie2023/

Les Athénéennes, du 1er au 10 juin. Informations, programme complet:
https://www.lesatheneennes.ch




Quatuor Zaïde:
Charlotte Maclet, premier violon - Leslie Boulin Raulin, second violon - Sarah Chenaf, alto - Juliette Salmona, violoncelle