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Mexican Corner à l’adc

Publié le 23.03.2015

 

Respirer, s’écouter respirer.

 

Aujourd’hui en Afrique, hier en Asie, avant-hier à la frontière entre le Mexique et les États- Unis : avec la danse pour passeport, Frank Micheletti prend le monde comme un terrain de jeu. C’est d’ailleurs en équilibre sur les 4 000 kilomètres de frontière, propice aux trafics de drogues et aux fantasmes que Mexican Corner a vu le jour. Et c’est à Mexico que la pièce a été créée en août 2013 avant d’être dévoilée au Théâtre Liberté à Toulon, leur port d’ancrage en France.

 

La puissance de Mexican Corner se fait l’écho des expériences vécues sur le terrain, comme la chaleur et le silence de plomb qui anesthésient les êtres. Sur scène, d’abord un, puis deux, enfin trois : les corps peinent à contenir une sourde violence. Respirer, s’écouter respirer. Se tenir debout malgré les dangers qui guettent et la nuit tombée. Vaincre sa peur même si l’on vacille, même si la musique et les voix mexicaines invitent à danser avec légèreté. Dehors – comme si nous y étions, point de repos : drogues, armes et migrants se croisent, le no man’s land est un enfer à ciel ouvert.

 

La fureur de survivre

Dans une danse de résistance, Aladino Rivera Blanca porte en lui les douleurs quotidiennes du peuple. Idio Chichava, seul dans le désert mexicain, en restitue toute l’intensité. La danse au sol de Frank Micheletti est plus que jamais fiévreuse. L’énergie qui colle à leurs semelles se déploie aussi soudainement que le sable du désert se soulève par rafales. Entre eux le combat et les rapports de force font rage. On se jauge du regard, on se tourne le dos, on se frôle ou s’évite ; on feint d’être le plus fort, parfois on courbe l’échine pour mieux saisir l’autre par derrière. On tente d’esquiver les coups, même ceux qui ne seront jamais donnés. Le temps de se ressaisir et de serrer les poings et la rixe reprend. L’autre est tour à tour le bourreau et le sauveur, celui qui soulève de terre et écrase le visage d’un coup de pied. Mais toujours, sursautant par nécessité de vivre, ils finiront par se relever. Tout est question de survie.

 

 

La pièce pose son regard sur la face obscure de la mondialisation et sur son tropisme criminel. La tension monte progressivement, puis exulte, sort des tripes ; une fièvre que l’on aurait pu croire incontrôlable. Le tout amplifié par un dispositif documenté, tourné au Mexique qui mêle en live vidéo, samples, enregistrements, témoignages, voix off, dont le vibrant Mexico despierta !

 

Propos recueillis par Marie Godfrin-Guidicelli pour le Journal de l'adc.

 

Mexican Corner à l'adc Genève du 25 au 29 mars 2015. Renseignements et réservations au +41 22 320 06 06 sur le site de l'adc.

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