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Le classique s’invite à Vernier

Publié le 07.03.2017

 

Quatre concerts de musique classique composent les Rencontres de Vernier 2017. Échelonnés entre mars et juin, ils forment un programme alléchant de diversité. Les Contes d’Hoffmann joués par l’Ensemble Paul Klee, ou encore un spectacle mêlant littérature et musique du XIXe siècle, mais aussi de la musique de chambre et de l’accordéon, voilà le programme éclectique et de haut vol qu’offre cette année encore la commune de Vernier. Loin des lieux culturels habituellement dévolus à ce genre de musique, les Rencontres investissent la Salle du Lignon. Pour le bonheur des férus autant que des novices! Fabrizio Chiovetta, pianiste professionnel, raconte sa passion pour le classique et lève le voile sur une partie de la programmation.

 

 

Vous êtes pianiste professionnel et soliste. Quel a été votre parcours de musicien?

J’avais un frère aîné qui jouait du piano lorsque j’étais petit, et il me semble que très jeune déjà, je passais plus de temps que lui sur l’instrument. J’ai plus tard été admis au Conservatoire et suivi mon cursus, avant d’intégrer des classes professionnelles. En dépit de nombreux concerts donnés à l’étranger, je vis à Genève et joue beaucoup en Suisse. J’enseigne également à la Haute École de Musique de Genève, où j’ai fait mes études. Je reste très attaché à cette institution.

 

Vos enregistrements de Schumann et Schubert ont été salués par la critique, tout comme vos disques avec des œuvres de Haydn et de Bach. Qu’est-ce qui a motivé le choix de ces quatre compositeurs?

Mon premier disque Schumann a été réalisé suite à la demande très précise d’un producteur canadien après qu’il a entendu l’enregistrement d’un récital que j’avais donné à Zurich au début des années 2000. Il m’a donc proposé d’enregistrer des œuvres de ce compositeur. Cela tombait très bien car c’est aussi ce que j’aurais choisi pour un premier disque! En ce qui concerne Schubert, Haydn et Bach, le choix s’est toujours fait autour d’œuvres que je jouais en concert, des œuvres qui étaient pour moi des préoccupations majeures. Chaque disque a été construit autour d’une œuvre phare – mon coup de cœur du moment – et a été ensuite complété pour former un tout cohérent. Je viens aussi d’enregistrer avec le clarinettiste Patrick Messina, qui jouera d’ailleurs avec moi lors des Rencontres de Vernier. Le disque sortira fin avril.

 

Vous êtes également improvisateur et accordéoniste. Est-il possible de mêler ces deux univers - celui de la musique classique et celui de l’improvisation?

Oui, dans la mesure où pour moi la musique est un langage. J’improvise depuis toujours, je dirais même que j’ai commencé à faire de la musique en improvisant. C’est quelque chose qui ne m’a jamais vraiment quitté. J’ai toujours énormément de plaisir à participer à des projets très divers, car au fond, chaque activité en nourrit une autre. Je pense que l’improvisation offre une certaine liberté quand on joue un répertoire classique. De même, le contact avec les chefs d’œuvre classiques permet de nourrir l’improvisation. J’ai de plus en plus de mal à séparer les deux choses. Pour moi, ça reste une seule et même activité.

 

 

Comment en êtes-vous venu à collaborer à la programmation des Rencontres classiques de Vernier?

La personne qui s’occupait de la programmation à l’époque avait vu défiler mon nom dans la presse plusieurs fois, notamment suite au disque Schubert qui avait été très bien reçu. Elle m’a donc proposé de jouer lors de la première édition du festival. J’y ai finalement joué trois concerts. J’ai tout de suite été séduit par l’idée derrière cet événement, qui est d’amener de la musique dans cette commune de Vernier finalement assez éloignée du Victoria Hall et des centres culturels traditionnels. On ne pense pas forcément à la salle communale du Lignon pour écouter de grands solistes. Moi qui ai grandi à Onex, j’aurais bien aimé que cela existe dans ma commune! J’étais donc très enthousiaste et j’ai appelé des collègues solistes, habitués à jouer dans les plus grandes salles du monde mais qui sont, eux aussi, sensibles à cette démarche.

Les artistes participant cette année, comme Felicity Lott, qui est une légende, Lambert Wilson, Henri Demarquette, Patrick Messina, sont tous motivés par cette idée de sortir des sentiers battus et d’amener la musique classique là où on ne l’attend pas forcément. Je trouve très bien que cette offre de haut vol existe à Vernier.

 

Lors des Rencontres classiques, vous jouerez avec Patrick Messina et Henri Demarquette dans le cadre d’un trio pour clarinette, violoncelle et piano. Quels compositeurs allez-vous interpréter?

Henri Demarquette et Patrick Messina sont deux musiciens avec lesquels j’ai l’habitude de collaborer, mais nous n’avions jamais eu l’occasion de jouer les trois ensemble. Je me réjouis particulièrement de ce moment! Le contenu du répertoire est évidemment lié à la formation, qui est assez originale. Peu de compositeurs ont écrit des pièces pour clarinette, violoncelle et piano. Nous allons jouer un trio de Brahms, une œuvre monumentale et incontournable, et probablement la plus connue de notre répertoire. Nous jouerons également trois pièces de Bruch, qui sont très belles et qui ont un magnifique sens mélodique et harmonique. Il y aura aussi un trio de Nino Rota, le fameux compositeur que l’on connaît pour la musique du film Le Parrain. Mes collègues vont finalement jouer une pièce contemporaine du compositeur français Guillaume Connesson. Cette pièce pour clarinette et violoncelle est très courte et très amusante. Elle me donnera l’occasion de me reposer quelques instants!

 

 

Vernier aura également le plaisir d’accueillir Contrastes, de l’accordéoniste virtuose Richard Galliano. Il sera accompagné d’Henri Demarquette au violoncelle. Qu’est-ce qui fait l’intérêt de Contrastes?

Il faut noter tout d’abord qu’un programme pour accordéon et violoncelle dans un événement classique, c’est à la base quelque chose de très audacieux. Je suis personnellement un grand fan de Richard Galliano, étant donné que je joue aussi de l’accordéon. Ces deux magnifiques musiciens sont des esprits curieux, qui sauront extrêmement bien faire le lien entre musique savante et musique populaire et improvisée. C’est un programme qui, connaissant le calibre de ces deux musiciens, me réjouit particulièrement. L’accordéon pour jouer du classique, c’est quelque chose qui se fait de plus en plus. Richard Galliano a même, au cours de sa carrière, enregistré du Bach avec son accordéon!

 

Un Amour énigmatique est un spectacle qui s’inspire de la relation du célèbre écrivain russe Tourgueniev avec la chanteuse et compositrice française Pauline Viardot. Les interprètes sont Dame Felicity Lott, Lambert Wilson et Jacqueline Bourgès-Maunoury, un casting de choix qui permet de plonger dans la littérature et la musique du XIXe siècle…

Je n’ai pas encore eu la chance d’entendre ce programme en particulier, mais je connais les différents interprètes. J’ai pu entendre l’incroyable Felicity Lott, ainsi que la pianiste Brigitte Bourgès-Maunoury, lorsqu’elles étaient en tournée pour un spectacle avec le comédien Alain Carré, basé sur une sélection de textes autour de Casanova. En ce qui concerne Un Amour énigmatique, le casting est là encore tout à fait prestigieux. Felicity Lott possède, en plus de ses dons de chanteuse classique et musicienne, un sens de la scène absolument phénoménal. Son talent de comédienne lui permet d’illuminer les textes.

 

Propos recueillis par Marie Berset

 

Les Rencontres classiques de Vernier, du 12 mars au 10 juin 2017 à la Salle du Lignon à Vernier.

Renseignements et réservations sur le site de la ville de Vernier www.vernier.ch

 

Au programme de cette édition:

Le 12 mars - Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach | Ensemble Paul Klee
Le 23 mars - Trios pour clarinette, violoncelle et piano | Patrick Messina, Fabrizio Chiovetta, Henri Demarquette
Le 6 avril - Un amour énigmatique | Felicity Lott, Lambert Wilson, Jacqueline Bourgès-Maunoury
Le 10 juin - Contrastes | Richard Galliano et Henri Demarquette

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