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Le Baroque dans tous ses états

Publié le 05.11.2015

 

Pour sa quatrième édition, le Festival Vernier sur Baroque fait la part belle au compositeur Georg Friedrich Haendel, mais aussi à la danse et à la littérature de cette époque féconde d’un siècle et demi (du début du XVIIème au milieu du XVIIIème siècle). Les meilleurs artistes de la scène baroque sont réunis pour des 6 soirées de haut vol à la Salle du Lignon du 4 au 15 novembre 2015.

«Notre festival baroque a trouvé son public et c’est ce que nous souhaitions faire à travers la politique culturelle de proximité engagée au début de mon dicastère à la commune de Vernier en 2011. En offrant un pendant au Vernier sur Rock, nous profitons également du claveciniste genevois Hadrien Jourdan, qui se charge de toute la partie musicale du festival. La programmation est uniquement créé pour le Vernier sur Baroque et les prix des billets s’échelonnent de 10.- à 30.- francs, un effort de la commune qui se voit récompensé», souligne Pierre Ronget, Conseiller administratif en charge de la culture, à l’origine de la création du festival.

 

Européen avant l’heure

«Usant de la langue de son temps […] Haendel apparut comme un puissant organisateur, comme un merveilleux instrument de synthèse de l'art européen. L'Allemagne lui inculqua une certaine piété intérieure, jamais démentie. L'Italie développa ses dons de mélodiste […] son sensualisme pour les couleurs et les sonorités. De la France il écouta les leçons de clarté, d'élégance, d'équilibre. L’Angleterre, enfin, lui enseigna la poésie des virginalistes, la spontanéité de Purcell, ses ambiguïtés modales et ses audaces rythmiques» écrit Marc Vignal dans son Dictionnaire de la musique en 1987 de celui qui créa le nouveau genre de l’oratorio en anglais.

 

De l’Allemagne à l’Italie

A 18 ans, Haendel rencontre Mattheson, de quatre ans son aîné, à Hambourg en 1703. «Déjà célèbre à cette époque, Mattheson est un grand musicien et théoricien qui se liera pour la vie à Haendel, même si leurs egos les mèneront un jour jusqu’au duel», explique amusé Hadrien Jourdan. C’est accompagné de Bertrand Cuiller, jeune claveciniste français montant, qu’il interprétera le 6 novembre un programme intitulé Haendel et l’Allemagne, des compositions originales pour deux clavecins, comme la magnifique Suite de Mattheson, et des transcriptions d’œuvres pour orchestre et d’airs de Haendel et de Bach.

Haendel fera plusieurs voyages en Italie où la vie musicale était une des plus brillantes d’Europe. Les grands compositeurs italiens et étrangers se retrouvaient dans la cité papale, échangeant leurs œuvres, leurs idées et leurs nouveautés. C’est chez le prince Ruspoli, pour qui il composera l’oratorio La Resurrezione, que Haendel rencontre Alessandro Scarlatti vers 1706. Pour marquer cette époque italienne, la soirée du 4 novembre, intitulée Dalla Terra al Cielo (De la Terre au Ciel) verra la soprano Maria-Cristina Kiehr interpréter La Cantate d’Alessandro Scarlatti et Le Salve Regina de Haendel au côté du Concerto Soave sous la direction de Jean-Marc Aymes. Quant au programme du 13 novembre intitulé Une soirée chez le cardinal Ottoboni, en référence au célèbre mécène passionné de musique qui accueillit Haendel à son arrivée à Rome, il se compose d'œuvres de ce dernier, mais aussi de Caldara, Vivaldi et Scarlatti, également hôtes du cardinal. Ces rencontres seront déterminantes dans la vie de Haendel. Florence Malgoire et Amandine Solano seront aux violons, Ophélie Gaillard au violoncelle et Hadrien Jourdan au clavecin.

«Le concert du 11 novembre tend déjà vers les influences londoniennes de Haendel. Créés d’abord comme intermède pour susciter l’engouement du public saxon, ces Concerti pour orgue et orchestre Opus 4 sont les premiers concertos pour orgue dans l’histoire de la musique», explique Hadrien Jourdan qui sera accompagné d’un ensemble composé de 2 violons, 1 alto, 1 violoncelle et 1 contrebasse, formé par des étudiants de la HEM de Genève.

 

 

Haendel à travers la littérature

Le 13 avril 1759, après avoir assisté une semaine plus tôt à une ultime représentation du Messie à Covent Garden, Georg Friedrich Haendel mourait à Londres, aveugle, au comble des honneurs et de la gloire. Dix-sept ans auparavant, jour pour jour, avait eu lieu à Dublin la création de ce même oratorio. Et c’est encore un 13 avril, vingt-deux ans plus tôt, qu’une attaque avait terrassé le musicien, alors en proie aux pires difficultés financières.

Le 7 novembre, sur le texte de l’écrivain autrichien Gert Jonke La tête de Georg Friedrich Haendel (1995), qui rend un hommage élégant et passionné au compositeur allemand, le comédien Alain Carré retracera par flashbacks poétiques la vie de Haendel. Accompagné de Magali Dumora (soprano), Amandine Solano (violon), Constanze Chmiel (traverso) et Hadrien Jourdan (clavecin), douze intermèdes viendront faire un clin d’œil aux nombreux opéras que composa Haendel.

 

La danse en Europe aux XVII et XVIIIème siècles

La chorégraphe Marie-Geneviève Massé et la compagnie de danse l’Eventail proposent pour la soirée du 15 novembre un Voyage en Europe autour de différents styles de danse qui y ont rayonné en partant de la France où le rituel du bal guide chaque mouvement, chaque regard, sous la contrainte d’une étouffante hiérarchie. En Angleterre, l’incomparable théâtralité des compositions de Purcell conduit à un drame. En Allemagne, une rêverie nostalgique glisse sur la bouleversante sonate de Rosenmüller. Ce voyage se terminera plaisamment avec Vivaldi, en Italie, à Venise, «où qui que ce soit ne va autrement qu’en masque», on ne sait plus qui est qui, ou bien l’on fait semblant… Revêtus de somptueux costumes, les danseurs offriront un spectacle plein de liberté et de grâce jouant sur l’intemporalité des émotions.

 

Alexandra Budde

 

Festival Vernier sur Baroque, Salle du Lignon à Vernier du 04 au 15 novembre 2015.
Renseignements et réservations au +41.22.306.07.80 ou sur le site de la Commune de Vernier www.vernier.ch
 

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