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La Cité Bleue: Une saison particulière

Publié le 17.04.2023

 Le projet de La Cité Bleue (la nouvelle institution, n.d.l,r.), mené par Leonardo García Alarcón, vise à expérimenter dans le domaine du théâtre musical. Maestro: «Nous nous dirigeons volontairement de manière hasardeuse. Aux partenaires comme aux artistes intéressés à travailler avec nous, nous affirmons désirer rapprocher les pulsions humaines les plus extrêmes comme nous l’ont rappelé les plus grands artistes de toutes les époques. Il y a déjà plein de projet dont nous ne pouvons pas vous parler encore. Ce sera pour une prochaine fois.»

Une prochaine fois, car ce projet ne pourra être porté sur scène avant 2024 et la fin des travaux entrepris à La Cité Bleue (le lieu, n.d.l.r.) de Genève...

... Ce qui n’empêchera pas la nouvelle institution de danser, de chanter et d’interpréter de la musique tout au long de l’année 2023 -
«Nous nous sommes dit: pourquoi ne pas faire une saison «argentine» - qui, dans l’hémisphère sud, se déroule de mars à novembre. En décembre et janvier, il n’est plus possible de jouer, l’été austral n’offre pas assez d’oxygène. Donc, en 2023, nous allons inviter des artistes avec lesquels nous avons envie de travailler à l’avenir, dans les salles de Genève. L’occasion aussi pour nous de les rencontrer, de réfléchir ensemble aux grands défis du théâtre musical que nous relèverons ensemble».



La saison 2023, présentée en mars à Genève, se décline ainsi en Les Constellations - plusieurs concerts regroupés sur un week-end - plusieurs fois dans l’année. Les auditeurs ont déjà pu découvrir la première d’entre elle, fin mars, entre un événement Roma, étoile vouée à des oeuvres peu connues redécouvertes dans les caves - les bibliothèques, en fait - du Vatican par Leonardo García Alarcón alors qu’il était étudiant, et Jérusalem, un trait tiré entre des oeuvres allant du Ve siècle à nous jours, toutes composées ou inspirées par la ville biblique, en douze langues, des chants traditionnels aux oeuvres savantes.



Les astronomes les mieux renseignés savent que la deuxième Constellation se déroulera demain, ou plus précisément les 22 et 23 avril, avec trois rendez-vous:


Le parfait danser,
le 22 avril, 17h au Temple de Chêne-Bougeries.


Leonardo García Alarcón: «J’ai voulu me laisser guider par des coups de coeur dans l’établissement de cette saison, et j’ai été ébloui quand j’ai découvert l’ensemble Into The Winds. Il interprètera des pièces du Moyen-Âge et de la Renaissance. Ses musiciens vont nous permettre de découvrir la danse - ou la danse nous permettra de découvrir la musique.»

Samâ-ï,
le 22 avril, 20h, Temple des Eaux-Vives


Pierre Scheidt, responsable de la coordination artistique de La Cité Bleue: «L’ensemble Canticum Novum proposera un programme organisé autour de la cité d’Alep, longtemps carrefours de civilisations occidentales et orientales. Et proposera des découvertes en matière de musique baroque et de traditions locales, avec un panachage d’instruments baroques et moyen-oriental.»



L’emprunt musical au Moyen Âge,
le 23 avril à 17h00, Temple des Eaux-Vives


Leonardo García Alarcón: «Je voulais intituler ce concert Les inventions médiévales, même si personne n’était d’accord avec moi! C’est un peu un tabou pour moi: si je croise un artiste pour lequel j’ai la plus grande admiration, je peux le suivre quelques mètres dans la rue, mais je n’oserais jamais l’aborder. Ce serait le cas pour Martha Argerich, cela l’ai aussi pour Pedro Memelsdorff.

Pour moi, il a conféré à la musique médiévale un titre honorifique, qui lui permet d’être aujourd’hui une vivante. Il a étudié les anciens traités, et il les a rendu vivant. Il est une des personnes les plus extraordinaires dans le traitement de la flûte. Il est admiré de toute la planète.



Avec son Ensemble Mala Punica, il va pouvoir rendre hommage à la tradition des remaniements musicaux médiévaux - un compositeur était retravaillé d’un siècle à un autre. Lors de ce concert, Pedro Memelsdorff va pour la première fois interpréter des pièces retravaillées par un contemporain, Pablo Ortiz (né en 1956). Donc nous seront invités à découvrir un moment très important de sa carrière. A part ça, Pedro Memelsdorff est argentin, mais c’est un hasard.»







Combat de clavecin et performance picturale

Il faudra attendre les 13 et 14 mai pour découvrir la Constellation suivante. C’est long mais pas autant que ça à l’aune du temps stellaire.

Une toile dansée,
les 13 mai, 17h, et le 14 mai, 12h; à la Maison des Associations, Genève.


Pierre Scheidt: «Nous allons accueillir Théotime Langlois de Swarte, le plus grand violoniste baroque de sa génération, et Silvère Jarrosson peintre - et initialement danseur. Sur des interprétations de Bach, Purcell, Nicola Matteis jr et Nicola Matteis du premier, le deuxième dansera avec les cadres d’immenses toiles, Son travail s’inspire de celui de Jackson Pollock, il pratique le dripping, la coulure, le jeté de peinture, ce sera un très beau moment avec un accompagnement de musique baroque.»


Du maître à l’élève,
le 13 mai, 20h, Théâtre Les Salons, Genève


Leonardo García Alarcón: «Jean Rondeau représente aujourd’hui le clavecin, notamment avec Les variations Goldberg pour clavecin qu’il a porté partout dans le monde. Il conçoit ses programmes d’une manière que j’adore, en mélangeant toutes les époques. J’ai un exemplaire d’un traité de Fuchs - édition de 1725 que j’ai trouvé au puces à Genève - dans lequel il enseigne le contrepoint. Haydn, Mozart ont adoré ce traité et ont étudié avec lui. Je crois que Rondeau va nous permettre de redécouvrir ce chemin qui va de Fuchs à Mozart. Et j’espère, avec un petit clin d’oeil à Debussy.»


Conversation à deux clavecins,
le 14 mai, 15h30, Salle Franz Liszt du Conservatoire de musique.


Leonardo García Alarcón: «J’ai demandé à Béatrice Martin et à Benjamin Alard, de nous proposer un programme dans lequel serait présent la tradition du duel de clavecin. Handel et Scarlatti s’était ainsi opposé à Naples. Handel avait gagné à l’orgue et Scarlatti au clavecin… Et Bach, me direz-vous? Il n’a pas pu s’illustrer dans un duel: dès qu’un confrère l’entendait jouer, il préférait quitter la ville! Donc ce sera un moment extraordinaire aussi pour les interprètes. Et nous irons aussi vers des pièces de compositeurs contemporains comme Ligeti.»

Jasmin Toccata,
le 14 mai, 18h30,Salle Franz Liszt du Conservatoire de Musique


Pierre Scheidt: «Keyvan Chemirani est l’un des plus grand spécialistes des percussions orientales. Avec Jean Rondeau au clavecin, et Thomas Dunford au luth, il proposeront un programme perse et baroque, avec beaucoup d’improvisation. C’est un exercice de recherche avec trois grands artistes qui ont cette envie, cette volonté de trouver des programmes extrêmement éclectiques. À la fois ce sera de la musique baroque, mais cherche de nouveaux territoires, de nouvelles sonorités. Ce trio est l’exemple parfait de l’élan qui anime La Cité Bleue»







Ensuite, ce sera l’été, avec un mini-festival annoncé très convivial dans les jardins de la Cité Bleue, du 7 au 9 juillet. Avec de la danse, une rencontre entre Monteverdi et Piazzolla, un hommage à Nadia Boulanger et un détour vers les musiques yiddish et tsigane (voir programme), puis suivront les Constellations d’automne (9 septembre, 14-15 octobre, 11 et 12 novembre (voir programme complet) sur lesquels nous reviendront plus en détails le moment venu.



2024

Puis viendra l’ouverture de La Cité Bleue, in situ, en 2024. Rappel, ou encore de Leonardo García Alarcón:

«Ce sera un lieu dans lequel les artistes seront à la base des projets - par opposition à des invitation dans des théâtre ou des opéras ou nous sommes invités. J’aimerais qu’on puisse se laisser aller dans un monde inconnu, sans savoir vers quoi nous nous aventurons. Et ensuite trouver une définition à ce que nous aurons créé.»



Vincent Borcard





Cité Bleue - Les Constellations



Prochains spectacles:


Le parfait danser, Into the Winds ensemble, le 22 avril, 17h au Temple de Chêne-Bougeries.



Samâ-ï, Canticum Novum, le 22 avril, 20h, Temple des Eaux-Vives



L’emprunt musical au Moyen Âge, Ensemble Mala Punica (Pedro Memelsdorffl, direction), le 23 avril à 17h00, Temple des Eaux-Vives



Informations, réservations et programme de saison complet:

https://lacitebleue.ch