Social Tw. Fb.
Article

Genève danse!

Publié le 28.01.2017

 

Les Journées de danse contemporaine suisse (JDCS) invitent les directeurs de théâtres et de festivals suisses et internationaux, professionnels de la danse, journalistes et public à venir découvrir la crème de la danse suisse du 1er au 4 février. Organisée par l'association pour la réalisation des Journées de danse contemporaine suisse 2017, qui réunit douze lieux culturels genevois accueillant les 19 créations, cette manifestation est chapeautée par l’association Réseau Danse Suisse (Reso). Cet organisme fédère en réseau les organisations actives en Suisse dans le domaine de la danse professionnelle et les représente sur le plan national, œuvrant en faveur de l’amélioration des conditions-cadre et d’une coordination globale et concertée des politiques d’encouragement de la danse. Zoom sur la programmation de quatre théâtres genevois.

Afin de préparer cet événement biennal qui a lieu chaque fois dans une ville différente de Suisse, un jury composé de cinq personnalités du monde de la danse (La Ribot - chorégraphe, Mona De Weerdt - dramaturge Südpol Luzern, Joëlle Smadja - directrice Pôle Sud Strasbourg, Patrick Müller - directeur Südpol Luzern, Claude Ratzé - directeur adc Genève) a vu plus de 140 spectacles pendant un an. Il en a retenu 18 et 1 film, permettant de découvrir la diversité des esthétiques qui constituent la danse contemporaine suisse: son rapport au corps, à l’image, aux nouvelles technologies, à l’histoire de la danse, à la société et son souci du dialogue avec le public, notamment le plus jeune.

 

Sombreur et pièces d’anthologie au Théâtre du Grütli

La Genevoise La Ribot, d’origine espagnole, interprétera en première Suisse Another Distinguée, accompagnée par l'acteur Juan Loriente et le danseur et chorégraphe Thami Manekehla. Danseuse, chorégraphe, réalisatrice et artiste visuelle, cette artiste radicalement transdisciplinaire redéfinit les frontières de la chorégraphie en proposant un nouveau regard sur le corps, à la fois objet et sujet. Dans Another Distinguée, cinquième série de ses Pièces distinguées initiées il y a 23 ans, La Ribot explore l’impact de l’obscurité sur la relation qu’elle noue avec le public «Si la clarté de certaines de mes performances précédentes soumettait mon corps et ceux des spectateurs à une visibilité crue, ce n’est plus le cas dans Another Distinguée. La pénombre crée une atmosphère d’intimité onirique qui se rapproche de l’ambiance d’un lieu bondé et sombre, d’une boîte de nuit ou d’un sauna», confiait-elle à Rosita Boisseau dans Le Monde en juin dernier.

 

La Britannique Ruth Childs recréera trois solos de Lucinda Childs, icône de la danse post-moderne et membre fondateur du Judson Dance Theater, dont elle est la nièce.«Nous avons décidé de travailler sur un projet de transmission et de recréation de trois solos, qu’elle a chorégraphiés et dansés elle-même dans les années 60 au Judson Dance Theater à New York: Pastime (1963 – 10’), Carnation (1964 - 20’) et Museum Piece (1965 – 10’). Nous avons repris ces trois solos au plus proche de leurs versions originales, tout en sachant qu’il n'existe pas de captations vidéo des versions de l'époque au Judson. Lucinda m'a donné des indications exactes de chorégraphie. Elle a partagé avec moi ses anecdotes et ses archives de l'époque. Ensuite, elle m'a laissé ma part de liberté quant à l'interprétation. A l’exception de Carnation ces solos sont peu connus, et n'ont jamais été présentés hors des États-Unis. Ce travail de reprise, de transmission et de recréation est essentiel puisqu’il permet à une nouvelle génération de spectateurs de découvrir ces pièces historiques».

 

Lors de l’événement intitulé Salon d’Artistes, huit chorégraphes (Alexandra Bachzetsis, Marie-Caroline Hominal, Jessica Huber, Eugénie Rebetez, Simone Aughterlony, Yasmine Hugonnet, Ioannis Mandafounis, Martin Zimmermann), dont les œuvres ne sont pas programmées à l’occasion des Journées de danse contemporaine suisse 2017, auront la possibilité de présenter leurs futurs projets.

 

 

Installation performative au Théâtre Am Stram Gram

Conçue et chorégraphiée par la Veveysane Jasmine Morand, lauréate du prix Danse 2013 de la Fondation Vaudoise pour la Culture, MIRE est «une installation chorégraphique pour douze danseurs qui se présente comme un kaléidoscope corporel. Elle se développe dans le mouvement pour créer une image autant contemplative que dérangeante et place le spectateur-voyeur au cœur du sujet. Il est amené à observer les corps féminins et masculins démultipliés à travers quelques fentes verticales dans les cloisons de la scénographie, rappelant un zootrope. Il peut aussi se coucher à même le sol pour découvrir la fresque vivante grâce au miroir géant placé au-dessus des danseurs. Leurs corps sont dévêtus afin que la chair soit mise en valeur et sublimée. Se définissant comme un acte esthétique aux accents baroques, cette mise à nu interroge notre ressenti face aux corps exposés, en projetant une vision où beauté et trivialité se fondent dans une harmonie complémentaire».

 

La Manufacture à l’honneur au Théâtre du Loup

Le Bachelor en Danse Contemporaine proposé par la Manufacture à Lausanne, en collaboration avec la Haute école des arts de Zurich (ZHdK), est la première formation de niveau tertiaire en danse contemporaine en Suisse. Après une brève présentation de La Manufacture, les danseurs de 3ème année de la filière danse contemporaine présenteront Acte co-énoncé, douze potentialités, un témoignage performatif produisant un mouvement réel et imaginaire, conçu en collaboration avec le chorégraphe Fabrice Mazliah. Si vous pouviez converser avec des performers pendant l’acte, que pourraient-ils vous raconter de ce qu’ils font et de ce qui leur est fait? A travers l’expérience de la performance, cette pièce contribue à souligner que la connaissance est un processus, comme la poésie. Ce travail est basé sur la recherche élaborée pour la pièce In Act and Thought, créée en juin 2015 pour et avec La Forsythe Company à Francfort, de façon à partager avec de jeunes interprètes l'expérience d'un tel processus et d’en créer une nouvelle proposition.

 

Le Soleurois Thomas Hauert, responsable de la filière Danse contemporaine de La Manufacture depuis 2013, présentera sa dernière création intitulée inaudible. Avec cette nouvelle pièce de groupe pour six danseurs, le chorégraphe poursuit sa recherche autour du lien entre musique et danse en se concentrant sur la notion d’«interprétation», que ce soit celle de l’artiste-interprète, celle de l’arrangeur musical, celle du chorégraphe-metteur en scène ou celle du spectateur. Sur le Concerto en fa de George Gershwin et du Ludus de Morte Regis du compositeur contemporain Mauro Lanza, chanté a cappella, les interprètes improviseront selon un canevas rigoureux. La musique est le moteur de la danse ici, à l’inverse du principe cinématographique du mickeymousing qui veut que la musique souligne le mouvement.

 

Rencontre artistico-filiale au Forum Meyrin

Prix Nouveau talent chorégraphie de la SACD et nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2015, la Japonaise Kaori Ito est devenue en moins de dix ans une personnalité incontournable de la scène internationale. En 2012, de retour dans son pays natal, la danseuse retrouve sa famille. Elle entreprend alors de créer une pièce pour elle et son père, le sculpteur Hiroshi Ito, fruit d’une rencontre à la fois artistique et humaine de deux êtres séparés par des milliers de kilomètres, et par une sorte d’éloignement culturel.

 

«Mon père a toujours voulu conserver son autorité sur moi, peut-être pour que je reste sa fille. Maintenant que je me réalise, je me sens paradoxalement plus proche de lui artistiquement, mais trop loin affectivement. […] Que les retrouvailles de nos corps de même sang et différents, le sien modelé par la sculpture et le mien par la danse, fassent bouger l’espace. La distance nous oblige à manifester l’amour autrement, de manière plus subtile. Au Japon, on ne montre pas ses sentiments. Lorsqu’une famille est réunie dans le même pays, l’intimité existe du fait de se voir et de vivre des choses ensemble, mais vivant à l’autre bout du monde, on a la sensation de devenir étranger à sa propre famille, on perd une relation concrète. Peut-être que le dessein de ce spectacle est la danse que nous ferons ensemble, après avoir dit ce qui peut l’être par la parole. Parce qu’au Japon on se méfie des mots.» Je danse parce que je me méfie des mots ne se jouera que le 3 février.

 

Alexandra Budde

 

Journées de danse contemporaine suisse - Divers lieux dans Genève du 1er au 4 février 2017.

Porgramme en détail sur leprogramme.ch ou sur le site www.swissdancedays.ch

Filtres