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Ensembles ensemble pour un grand voyage

Publié le 02.07.2020

 

L’Ensemble Contechamps a intituté sa saison 2020-2021 Ensembles ensemble. Le directeur artistique Serge Vuille y privilégie un grand nombre de collaborations avec des artistes aux profils très variés, les institutions classiques aussi bien que des plasticiens. L’expérimentation et la recherche joueront donc un rôle dans cette saison, au cours de laquelle le public sera également invité à redécouvrir la voix, le chant, et leurs potentiels de production de sons.

L’Ensemble Contrechamps consacrera une soirée à Heinz Holliger, interprétera Pierre Boulez, Steve Reich. Il participera aussi une production du Grand Théâtre de Genève consacrée à György Ligeti et se joindra à l’Orchestre de Chambre de Genève pour jouer Michael Jarrell et Kaija Saariaho. Via le cyberspace, il devrait partir en tournée au Mexique. Le voyage sera aussi genevois: avec les travaux prévus au Studio Ernest-Ansermet, Contrechamps se multipliera, encore plus que d’habitude, sur difféntes scènes de la ville.

 

 

Votre programme est intitulé Ensembles ensemble.

Oui car les rencontres sont l’un des fils rouges de la saison. D’une batucada afro-latine (n.d.l.r.: ensemble traditionnel de percussions) aux grands orchestres en passant par les duos ou les laboratoires, nous allons développer un grand nombre de partenariats artistiques. La saison précédente Résonnances par sympathie se présentait comme un jeu d’échos avec la scène culturelle genevoise. Nous allons poursuivre dans cette direction, avec des collaborations plus intégrées, dès la conception des projets.

 

 

Avec des institutions genevoises?

Nous collaborons à nouveau avec le Grand Théâtre pour le spectacle Aventures et Nouvelles aventures de Ligeti (du 11 au 13 décembre), qui sera monté à la Salle du Lignon, à Vernier. Aussi avec L’Orchestre de Chambre de Genève (LOCG) sur une pièce de Michaell Jarrell (le 1er juin 2021). Nous allons à nouveau participer aux Aubes musicales (le 22 août), et notre désormais traditionnel concert itinérant se fera cette fois-ci dans les tours de la Cathédrale Saint-Pierre, en collaboration avec Les Concerts de la Cathédrale (le 8 mai 2021). Il y aura aussi un concert avec l’Ensemble vocal Polhymnia autour de Nicolas Bouvier (le 31 janvier 2021).

 

Un concert sera consacré, le 10 novembre, au compositeur suisse Heinz Holliger.

Il portera pour l’occasion une triple casquette. Celle de compositeur, celle de chef, et celle de hautboïste solo. Il lui arrive encore occasionnellement de jouer en concert, mais il nous fait certainement une faveur en acceptant de tenir ce triple rôle. Il jouera le concerto de Bruno Maderna, qu’il connaît très bien et qu’il peut diriger tout en assurant la partie de hautbois. Une création de Friedrichson et l’œuvre de Holliger Puneigä compléteront ce programme. Et cerise sur le gâteau, la grande soprano Juliane Banse a accepté notre invitation pour chanter dans ce concert. Cela me permet d’évoquer un deuxième fil rouge de la saison, les voix.

 

A quoi les auditeurs doivent-ils s’attendre?

A découvrir des pratiques sonores significativement différentes d’un artiste à l’autre. Steve Reich (le 24 janvier 2021) essaie d’effacer le caractère parlé, reconnaissable de la voix, pour qu’elle se noie dans le flot instrumental. Alors que chez Sofia Jernberg, la voix est générateur de sons, utilisée comme un sampleur. Tout cela se doublera de différents rapports au texte. La pièce de Michael Jarrell que l’on interprétera en collaboration avec L’OCG s’intéresse à un récit de guerre, celle de Kaija Saariaho qui sera jouée le même soir s’intéresse à un poète perse. Différentes pistes seront proposées.

 

 

Ce fil rouge sera donc à suivre tout au long de la saison.

Le premier concert d’abonnement (le 19 septembre) proposera déjà trois pièces chantées. Une création d’Ezko Kikoutchi, avec la soprano Hélène Walter, une pièce de John Menoud avec Anouk Molendijk. Et le trio genevois Alice qui interprétera un set de chansons avec nos instrumentistes. On retrouvera aussi Aïda Diop, une compositrice genevoise qui travaille avec une batucada (le 7 février 2021).

 

Comment le public doit-il se préparer ce type de fil rouge?

Je ne pense pas qu’une connaissance préalable soit nécessaire. L’expérience du concert se suffit à elle-même. En proposant différents objets musicaux, en les mettant ainsi côte à côté à l’échelle de la saison, nous permettons de construire une compréhension plus riche plus profonde du matériau. Nous offrons des références et une compréhension contextualisée de la musique.
Au fil de la saison, les impressions vont s’élargir, et la perception des nuances sonores s’affiner. Selon mon expérience, il est plus facile de construire une richesse d’écoute pas à pas, avec des références qui peuvent être très différentes, mais reliées par un élément.

 

Vous avez programmé l’année dernière des spectacles plus performatifs. Est-ce que ce sera encore le cas?

Oui. Dans un de nos concerts d’abonnement, nous allons proposer par exemple un événement à l’Alhambra avec Julie Semoroz et Marina Rosenfeld (le 13 mars 2021). Pour la pièce de la première, le public recevra des transduceurs individuels - ce sont des hauts-parleurs sans membrane, qui permettent de ressentir la vibration de la musique. Cette collaboration donne suite au laboratoire auquel elle avait participé la saison dernière avec quatre instrumentistes de Contrechamps. La pièce qu’elle propose doit pouvoir accueillir une centaine de personnes. Et je me réjouis de voir cette collaboration se poursuivre dans les deux sens puisque Julie Semoroz invite deux de nos musiciens à l’accompagner sur un autre projet en novembre dans le cadre des Créatives, puis au printemps à la Nouvelle Comédie.

Pour la pièce de Marina Rosenfeld, chaque artiste sera doté, en plus de son instrument, d’une platine et d’une dub plate préparée à l’avance.
Nous prévoyons aussi une tournée virtuelle avec l’ensemble contemporain mexicain Liminar (du 1er au 11 octobre). Nous devions faire ensemble une tournée «physique». La pandémie nous amène à envisager des échanges en réalité virtuelle, à suivre avec des casques de VR. Mais nous ne pouvons pas encore le confirmer, la technologie doit encore être affinée.

 

 

De projets de ce type, menés avec des artistes locaux, sont-ils typiquement genevois?

Notre activité profite d’un riche vivier genevois, mais s’intègre dans un contexte de recherche global. Je le vérifie quand nos projets sont repris par d’autres institutions. Elle n’est pas genevoise, mais notre création avec Christine Sun Kim a voyagé à Bâle, à Sion, à Barcelone et au festival de Huddersfield. Et différentes propositions de la saions 2020-2021 suscitent déjà un intérêt comparable – je ne peux malheureusement pas encore en parler davantage.

 

Est-il possible d’avoir ce type de démarche avec de plus grandes institutions?

Aventures et Nouvelles aventures, mené en collaboration le Grand Théâtre de Genève sera aussi particulier. Il s’agit d’une pièce très bruitiste. Le projet permettra d’abord de déambuler librement dans la salle, avec pour seuls stimulus la scénographie et le son. Puis dans un second temps en pouvant voir les musiciens – sept instrumentistes et trois chanteurs.

 

Et les amateurs de grands orchestres?

Nous restons attachés aux grandes formations: à l’occasion du concert en collaboration avec L’Orchestre de Chambre de Genève, plus de huitante instrumentistes seront sur scène!

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

Ensemble Contrechamps

informations, réservations
contrechamps.ch

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