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Am Stram Gram à la découverte des transidentités

Publié le 24.11.2022

Le Théâtre Am Stram Gram consacre un mini-festival à la non-binarité. Cet Agora - Génération Fluide - Tout a déjà changé est à découvrir les 26 et 27 novembre, de la fin de la matinée et jusqu'en début de soirée. Le dispositif de l'Agora, déjà mis en place par deux fois la saison dernière, notamment sur le thème du changement climatique, ce printemps - se déclinera à nouveau en spectacles, jeux, jeux de rôles, animations et autres activités favorisant le dialogue entre les générations - une valeur inestimable pour les organisateurs.

Le théâtre s'entoure à cette occasion d'experts, d'universitaires, de practiciens, et de personnes en contact avec des jeunes qui font l'expérience de la non-binarité. Et propose un programme bienveillant qui se propose de partir à la découverte de cette Génération Fluide - Tout a déjà changé. Explications avec les architectes du projet la dramaturge d'Am Stram Gram et le directeur du Théâtre, Hinde Kaddour et Joan Mompart.
 

Pouvez-vous nous rappeler le principe de vos Agoras?

Joan Mompart. Dans notre société, il y a beaucoup de nouveaux paradigmes, de thématiques qui surgissent après avoir été longtemps invisibilisées. Le genre en est un parfait exemple. Avec l’Agora, notre objectif est de réunir les générations en toute horizontalité pour mieux connaître ces réalités.

Comme un mini festival, l’Agora se décline en multiples propositions. Par le biais du théâtre - souvent participatif - mais aussi d’ateliers, de jeux de rôles, des conférences pour tous les âges. Si certains des thèmes peuvent être anxiogènes - je pense au changement climatique abordé le printemps dernier -, je crois que par la catharsis du théâtre nous pouvons contribuer à une paix de l’intime. Dans le cadre de notre mission de service public je crois fondamentalement à l’utopie d’un théâtre utile.


Hinde Kaddour. J’ajoute que ces Agoras ont la particularité de se dérouler dans la joie. Elles privilégient les échanges chaleureux, les approches ludiques. Par exemple dans Rencontre d’un autre genre, les participants se retrouvent dans la peau d’extraterrestres qui débarquent à Genève, ne comprennent pas ce qu’est le genre masculin, ce qu’est le genre féminin et pourquoi il n’y a que deux cases. Ce dispositif favorise un déplacement du regard, de soi, une manière de questionner les certitudes et de se positionner autrement.


J.M. Personnellement, lors de la préparation de cette Agora, j’ai appris des choses que j’ignorais ou qui me dépassaient. Donc j’imagine que le public de toutes générations pourra en apprendre plus sur ces questions de transidentités.





Présenté trois fois, dont une fois en avant-première de l’Agora, le spectacle Alexe fait-il office de porte d’entrée?

H.K. Tout est prévu pour être une porte d’entrée. Pas besoin de suivre un atelier pour voir un spectacle et réciproquement. Le mini-festival a en tout cas été pensé comme cela.

Quelques mots sur Alexe?

J.M. Nous avions fait connaissance avec Alexe Scappaticci, coordinateurice du Refuge, Genève. Nous étions très intéressés par tout ce que cette personne qui est quotidiennement au contact de jeunes personnes concernées par ces questions nous racontait. Nous avons découvert la réalité de ces enfants dont nous ne savions pas grand-chose, c’est ce qui nous a persuadé de réaliser cette Agora.

H.K. Dans ce spectacle, Alexe Scappaticci discute sur scène avec moi. Mais l’échange est plus large. D’abord parce que nous intégrons des témoignages sonores d’enfants, de parents. Et de là, Alexe échange avec le public. Un lien se crée ainsi au fil du spectacle. 





Qu’est-ce qui vous a guidé dans l’établissement du programme, des ateliers, des jeux, des conférences?

H.K. J’ai constaté qu’avant de rencontrer des enfants concernés par ces questions ou d’en parler avec leurs parents, tout est très théorique, très conceptuel. Mais cela devient très vite concret et incarné dès l’instant de la rencontre, et dès qu’ils nous racontent une réalité qui n’entre dans aucune des cases dans lesquelles nous serions tentés de les ranger. Les professionnels et les performers invités à l’Agora ont l’habitude de s’adresser à des personnes directement concernées, ou sensibilisées. Ce qui n’est pas le cas du public d’Am Stram Gram: ce sont des enfants, des ados, des parents. Des gens curieux, mais globalement peu au courant de ces réalités. 


Les intervenants doivent donc adapter leur discours?


J.M. Les discussions que nous avons eues en amont ont été autour de la nécessité de se réinventer en fonction du tous publics et toutes générations. Le principe de l’Agora est justement de faire sauter les barrières des générations et d’observer la richesse qui peut ainsi se dégager des échanges. La thématique peut rencontrer une certaine gêne.

H.K. Les enfants concernés subissent encore des discriminations. Ils peuvent par exemple subir des violences à l’école. Pour répondre à votre question, si cela peut être un sujet de crispations, c’est par méconnaissance et parfois en raison d’afflux de fausses informations.

Cette Agora fonctionne avec beaucoup de modératrices et de modérateurs. Ce sont des personnes qui connaissent la réalité des personnes concernées et qui abordent de manière très douce et surtout très concrète ces questions.

J.M. Ensuite il y a la possibilité d’être actif, la liberté que l’on trouve dans les jeux et les ateliers permet de dédramatiser. 







Une limite?


J.M. Oui, la médicalisation, que nous n’abordons pas.

H.K: C’est un sujet privé. Chaque parcours, chaque famille, entourée d’une kyrielle de spécialistes et de médecins, décide d’y recourir ou pas. En parler reviendrait à toucher à l’intimité des personnes, à remettre en question la liberté de leurs choix, nous nous y refusons.


Les conférences?

H.K. Dans L’histoire de la jupe et du pantalon, il sera question de kilt et de jeans. On y apprendra à partir de quel moment la jupe est devenu le signe des sans défense - ceux qui ne s’armaient pas, et donc aussi les religieux. Elizabeth Fischer présente des exemples qui permettent de réaliser pourquoi on est toujours dirigé dans la binarité… et pourquoi certaines personnes ont besoin d’aller au-delà ¨!

Voyage dans le genre nous apprend par exemple que selon une tradition orale juive, il y avait six genres - féminin, masculin, androgyne, jeunes femmes et jeunes hommes qui changent à la puberté et les non-déterminés. On réalise que dans d’autres cultures, et même dans celles considérées comme un berceau de la nôtre, la binarité n’a pas toujours été la norme.

Et il y un spectacle interprété par des ados, Et je repousserai comme une étoile de mer.

J.M. Caroline Bernard sait susciter la parole de la jeunesse dans les dispositifs qu’elle invente. Avec Gaël Sillere, elle fait appel à la technologie et réalise des dispositifs extrêmement impressionnants qui participent à la mise en forme de cette parole libre.


Le spectacle aura pour écrin les loges. Les adolescentes et adolescents vont parler de leurs amours, de leurs corps, de leurs interdits.

Votre conclusion?

J.M. Avec les Agoras, nous sommes dans un théâtre qui répond à sa mission de miroir du monde.

Agora - Génération Fluide - Tout a déjà changé
Les 26 et 27 novembre au Théâtre Am Stram Gram, Genève

A l'exception des représentations du spectacle Alexe et des brunchs, tous les spectacles, les jeux et toutes les animations sont gratuit-e-s, sans réservation - Une première représentation d'Alexe a lieu le 25 novembre

Une production du Théâtre Am Stram en collaboration avecl’association TransParents, Genève - La Fondation Agnodice, Lausanne - GreenBuzz Geneva - Global Shapers, Geneva Hub - Sophie Woeldgen, autrice de Génération fluide, enquête sur le genre © Heidi.news et Éditions Labor et Fides, 2022 - Le Service Agenda 21 – Ville durable, Genève - Libota Ya Motema

Programme complet, informations, réservations:
https://www.amstramgram.ch//fr/programme/generation-fluide-tout-a-deja-change