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26ème édition de Jazz sur la Plage: un brin de folie jazz à Hermance

Publié le 10.08.2018

 

Jazzmen d’ici et d'ailleurs se donnent rendez-vous les 17 et 18 août à Hermance pour une 26ème édition d’un Jazz sur la Plage toujours mieux achalandé. Désormais installé sur deux jours et quatre scènes, le festival privilégie tant les échanges et les rencontres entre artistes que les découvertes sous la bannière de la convivialité et de la gratuité. Moncef Genoud, Mael Godinat et André Minvielle feront partie des treize formations à l’affiche cette année, à laquelle s’ajoutent deux Dj’s pour des afters de choc, un workshop et trois animations dansantes et créatrices.

Né en 1992 pour réhabiliter la plage d’Hermance, Jazz sur la Plage prend un nouvel essor en 2005, lorsque Pierre-Edmond Gilliand, alors à la tête du Chat Noir de Genève, reprend les rênes de la manifestation et la mue en association quelques années plus tard. Aujourd’hui président du festival et programmateur de la Grande Scène, ce passionné de jazz nous en dit plus sur cette manifestation à taille humaine.

 

Le festival célébrait son quart de siècle l’an dernier en programmant des concerts sur deux jours, une formule qui semble se pérenniser cette année.

Cette soirée supplémentaire a enchanté le public venu en nombre l’an dernier, confirmant notre choix de maintenir Jazz sur la Plage sur deux jours. C’est aussi une manière de récompenser le travail énorme que tous les bénévoles, comité compris, fournissent pendant le festival et durant toute l’année. Cette formule correspond aussi à la volonté d’offrir un événement de qualité, de plus en plus attrayant, sans tomber dans une mégalomanie galopante. Notre souhait est de rester local et villageois dans une ambiance bon enfant, on y tient beaucoup car c’est le ciment de notre équipe.

 

D’abord créé sur la plage d’Hermance, le festival compte aujourd’hui quatre scènes dans tout le village: la Plage, le Caveau, la grange des Dix-vins et la Barque à Swing située dans la salle communale d’Hermance.

Devenir une association en 2013 a été un bon choix. D’une part cela a créé une émulation auprès des personnes motivées à s’investir encore plus dans cet événement, créant une dynamique qui me laisse augurer du meilleur pour la suite. D’autre part, ce statut a permis au festival de s’ancrer dans le tissu culturel genevois, en participant à d’autres manifestations durant l’année, comme la Fête de la musique, mais aussi de créer des partenariats durables, avec l’Epicentre ou le Chat Noir par exemple, ou encore le festival JazzContreband avec qui nous produisons cette année le concert du trio très prometteur d’Amaury Faye.

Depuis que deux scènes se sont ajoutées au festival il y a deux ans, nous sommes trois programmateurs à travailler main dans la main. Julien Meyer s’occupe du Caveau, estampillé jeunes talents, et Raphael Piuz de la scène des Dix-Vins. Ce dernier, connu d’abord comme DJ Schnaps, un des premiers à se spécialiser dans le jazz manouche, a monté il y a quelques années un orchestre, le Gypsy Sound System Orkestra, qui se produira durant le festival. Normalement cela ne se fait pas, mais comme je n’ai jamais pu le programmer lorsque j’étais seul à composer l’affiche, j’ai insisté pour que son orchestre fasse tout de même partie de la programmation cette année.

 

Jazz sur la plage débutera vendredi soir avec une exclusivité: le nouveau groupe du maître de l’improvisation Moncef Genoud.

Dans cette toute nouvelle formation, on trouve une section rythmique du tonnerre avec Cyril Moulas à la basse électrique et Paolo Orlandi à la batterie. Je connais personnellement Moncef depuis longtemps et lui comme moi souhaitions qu’il se produise au festival. Ce sera enfin chose faite cette année. Je lui ai demandé de venir avec l’invité de son choix pour offrir à notre public un concert original. Il m’est revenu avec deux noms: celui du saxophoniste d’exception Sylvain Beuf et celui du magistral vocaliste Ernie Odoom. Et pour l’anecdote, Ernie, multi-instrumentiste de renom que je connais également depuis longtemps, a participé au tout premier Jazz sur la plage que j’ai organisé il y a treize ans, et tel un Charlie (n.d.l.r.: personnage d’un livre-jeu que le lecteur doit retrouver dans le dessin), invité par un groupe ou un autre, il a participé à quasi toutes les éditions, et nous le retrouvons cette année encore avec bonheur sur l’invitation de Moncef.

 

 

Jazz sur la plage offrira sa part de jeunes talents, notamment avec le pianiste et saxophoniste genevois Mael Godinat à qui vous avez donné carte blanche.

C’est l’exemple type des perles que déniche Julien Meyer. Pour cette carte blanche, Mael Godinat a composé une suite pour quintet, avec, en tête, l’envie de chercher les couleurs spécifiques à chaque soliste de l’ensemble et de les faire se rencontrer dans de folles improvisations. Et juste après, le saxophoniste Nicolas Masson et son quartet Parallels présenteront en avant-première leur album Travelers, sorti sous le label ECM.

 

Ou encore le duo de jazzmen flamands Schntzl qui mêle acoustique et électronique.

Le pianiste Hendrik Lasure et le batteur Casper Van de Velde apprécient autant Massive Attack que Keith Jarrett et cela se sent dans leurs compositions où l’improvisation garde une place de choix. En 2015, ils remportaient le concours STORM en Belgique ainsi que le Prix de la meilleure composition au Tremplin Jazz d’Avignon. En 2016, ils sortaient leur album Schntzl sous le label de W.E.R.F., avec lequel ils traversent l’Europe avec succès.

Nous sommes également fiers de pouvoir accueillir pour la seconde année consécutive, la 2ème édition du Lemanic Jazz Workshop, organisée par Manu Hagmann et ses compères, dont les treize participants présenteront le travail accompli après une semaine passée ensemble. Un rôle qui nous tient particulièrement à cœur en tant que festival.

 

L’an dernier vous clôturiez le festival avec un projet jazz électro osé, Twoflow, porté par Cesare Pizzi des Young Gods. Quelle surprise réservez-vous au public cette année?

Nous recevrons le pape du scat, André Minvielle, accompagné du groupe Papanosh que j’apprécie depuis ses débuts, mais que je trouvais trop rock pour notre festival. Ensemble, ils créent la folle Prévert Parade, un cabaret compost-dada qui fera la part belle à la langue française. Comme le groupe Sirop d’la Rue, rencontré lors du festival Voix de Fête auquel je participe également, qui mélangera la chanson française au jazz manouche, teinté parfois d’influences orientales ou africaines. Dans notre programmation, nous nous devons de rester ouverts et fidèles à l’esprit même du jazz.

 

Est-ce difficile de nos jours de rester un festival gratuit?

Je ne pense pas qu’il soit plus difficile de rester gratuit que de demeurer payant, ou plutôt vivant! Je crois que tous les petits festivals ont des difficultés. Peut-être qu’en tant que festival gratuit il faut rester souple et accepter les budgets comme ils viennent. De toute façon, si je pouvais inviter un Ben Harper ou un Marcus Miller, je serais peut-être encore frustré de ne pas pouvoir inviter un Herbie Hancock!

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Festival Jazz sur la Plage 2018, Hermance les 17 et 18 août.

Programme complet de cette 26ème édition sur le site du festival www.jazzsurlaplage.ch

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