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10+7 face à une page blanche

Publié le 03.06.2019

 

La danseuse Marthe Krummenacher, nommée en 2017 Danseuse exceptionnelle par les Prix suisses de la danse, se met régulièrement depuis quelques années en situation d’improvisation pure, face à un musicien qu’elle découvre à chaque fois. L’ADC lui a suggéré de voir plus grand, et de 1 musicien face à une danseuse, Ceci est une rencontre organise celle de 10 danseur-euses et 7 musicien-nes. Relevant le défi, elle a réuni une troupe multigénérationnelle d’interprètes traversée par des liens d’amitié et de complicité, et a délégué à l’association genevoise Bongo Joe le soin de réunir des musiciens. Leur point commun à tous, la pratique de l’improvisation, le goût du défi, un sens certain pour se positionner à l’écoute de l’autre.

A une semaine de la première  – le 4 juin – des cinq représentations, des cinq spectacles distincts annoncés, Marthe Krummenacher se réjouissait de se retrouver devant une page blanche, devant cette multitude de possibles que recelait Ceci est une rencontre.

 

Ceci est une rencontre est un spectacle qui doit laisser une part à l’improvisation. Quelle est son histoire?

Elle remonte à plusieurs années. A l’origine, j’avais été invitée par le festival Antigel à rencontrer des musiciens dans des allées d’immeubles. Il fallait improviser, à chaque fois avec un autre musicien, une fois avec un violoncelliste, une fois avec un batteur, une fois avec un beat-boxer. Je ne savais pas la minute d’avant ce que j’allais faire, lui pas davantage. Cela demande d’être super à l’écoute de l’autre. Il est sorti de ces face-à-face des choses très intéressantes. C’est ainsi que j’ai découvert, et que j’ai appris à aimer la spontanéité de la rencontre, qui donne son titre à notre spectacle.

 

Est-ce une démarche que vous avez cultivée, explorée?

Oui. Le Centre Culturel Suisse à Paris m’avait invité à poursuivre. Je l’ai donc fait à Paris, à la Fête de la danse, à la Fête de la musique. Puis j’ai continué. Le principe était toujours que l’institution devait amener le musicien – ce qui garantissait chaque fois l’esprit de surprise. Parfois la rencontre se produit, parfois moins. Je l’admets comme une possibilité. C’est comme lorsque l’on fait la connaissance de quelqu’un, parfois le courant passe très bien et très vite, parfois moins, il faut l’accepter.

 

La grande différence avec ce nouveau Ceci est une rencontre, est que vous ne serez pas 1+1, mais 10+7

C’est l’ADC qui m’a mis sur cette piste d'une version grand format. C’est ainsi que l’on se retrouve avec 10 danseurs et 7 musiciens, qui ont en commun d’avoir une pratique de l’improvisation. Pour les musiciens, j’ai mandaté Cyril Yeterian de l’association Bongo Joe, à Genève, pour me former une équipe.

 

 

A quoi les spectateurs doivent-ils s’attendre?

Je ne sais pas encore! Je ne veux pas mettre en place une structure définie, et encore moins figée. Nous avons cinq jours pour nous préparer. Je vais faire des propositions, je m’attends à des réponses, je ne vais rien brider, l’idée du spectacle est justement que nous l’inventions ensemble.

 

Pratiquement, comment allez-vous vous préparer?

Nous allons faire des essais, expérimenter ensemble et avancer de manière empirique jusqu'au jour J. L’improvisation est un vrai terrain de jeu pour les artistes et nous nous réjouissons tous de nous retrouver.

 

 

Comment avez-vous sélectionné les danseuses et danseurs?

Il y aurait eu une logique à prendre des artistes qui ne se connaissent pas du tout. Mais en fonction du temps que nous allons passer ensemble, j’ai opté pour une équipe qui est traversée par des liens et des complicités. Une danseuse qui travaille à Bruxelles va retrouver une ancienne copine du Ballet Junior. J’ai choisi des gens qui peuvent être amis sans avoir forcément travaillé ensemble – même si c’est parfois le cas. J’ai aussi eu envie d’inviter des artistes qui sont à différentes étapes de leur carrière. Et même des très jeunes issus de la première volée de la Manufacture. Différentes générations, différents parcours, qui se retrouvent dans une structure très horizontale.

 

L’originalité du projet, le nombre important de participants, est-elle source d’appréhension?

La situation me réjouit bien davantage, c’est agréable d'être entourée par une si grande équipe!

 

Il y aura cinq représentations, pensez-vous que la création va beaucoup évoluer d’un soir à l’autre?

Ce seront cinq spectacles, cinq improvisations différentes. Les duos vont évoluer, chaque représentation nous donnera très certainement des idées pour la suivantes, il faudra en profiter. En tant qu'interprète, cela m’intéresse de me retrouver dans cette situation face à l'inconnu.

 

Finalement, que se passe-t-il dans le processus d’improvisation, qui en assure sa singularité?

Le public est témoin, comprend que l’œuvre se crée dans l’instant, il est témoin de moment rare qui ne se reproduira jamais.

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Ceci est une rencontre, du 4 au 8 juin à la Salle des Eaux-Vives à Genève. Renseignements et réservations au +41.(0)22.320.06.06 ou sur le site www.adc-geneve.ch

Conception et coordination danse Marthe Krummenacher
Collaborateur artistique Pierre Pontvianne

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