FranckensteiN, Morceaux choisis | La Nuit des anti-héros

A l’occasion de la Nuit des Musées, la Maison de Rousseau et de la littérature propose une soirée autour du thème des anti-héros et présente, en guise de conclusion, le spectacle FranckensteiN, Morceaux choisis.

« L’airain avait déjà sonné la première heure après minuit ; la pluie battait, avec un sifflement horrible, contre mes fenêtres ; ma lumière était près de s’éteindre, lorsqu’à cette lueur vacillante, je vis s’ouvrir l’oeil jaune et stupide de la créature : elle respira avec force, et ses membres furent agités d’un mouvement convulsif. »
Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne

Dans le roman, Victor Frankenstein abandonne Dieu pour la Science et crée, à partir de cadavres, un nouvel Adam qu’il renie aussitôt que la Créature s’anime. Il la condamne à la mort en la jugeant comme une simple expérimentation ratée. Survivant seule, sans père, sans nom, sans égal et sans pareils, la Créature laisse libre cours à sa rage, semant meurtre et désolation autour de celui qui l’a abandonné.
Qui porte le poids de la culpabilité de ces assassinats ? Victor Frankenstein accuse la Créature ; le Monstre reporte la faute sur son Créateur, qui ne lui a enseigné ni le Bien ni le Mal. Les péchés du Père doivent-ils être ceux des fils ? Ceux des Fils doivent-ils marquer les Pères à part égal ? Victor et la Créature peuvent-ils être dissociés en deux entités séparées ou ne peuvent-ils être jugés que comme un tout, une dualité autonome, un Père et un Fils sans Saint-Esprit, de la même façon que le public, et l’inconscient collectif, le fait en confondant Victor Frankenstein avec la Créature de Frankenstein ?

Maison de Rousseau et de la littérature à Genève le 17 mai 2014.

Texte tiré de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818)
Mise en scène et montage du texte Olivier Lafrance
Jeu Adrian Filip, Olivier Lafrance, Lluvia de Sela
Violon Laeticia Lafrance