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Un quatre heures pour petits et grands

Publié le 24.03.2017

 

Initié par le chef Arie van Beek dès le début de son premier mandat à L’Orchestre de Chambre de Genève en 2014, le Quatre heures d’Arie est un programme spécialement conçu pour les enfants dès six ans et leurs parents. A l’affiche de ce deuxième et dernier Quatre heures de la saison, Le Rossignol du compositeur néerlandais Theo Loevendie (né en 1930) d’après l’histoire de Hans Christian Andersen. «Le Rossignol est une pièce musicale qui a reçu une reconnaissance internationale. Je l’ai beaucoup jouée dans ma jeunesse. J’ai eu l’occasion de la créer avec quatre comédiens sur scène et même de la diriger en Chine avec le texte en chinois. Pour le concert de Genève, j’ai choisi la version de 1981 pour narrateur et grand orchestre. C’est le comédien et metteur en scène Joan Mompart qui se joindra à nous le samedi 1er avril au Studio Ernest-Ansermet de Genève pour donner vie à ce conte de fées qui s'adresse tant aux adultes qu'aux enfants».

En route entre Amiens et Besançon, le chef Arie van Beek a trouvé le temps de nous parler de ce concept de concert-spectacle qui lui est cher.

 

 

Pouvez-vous nous rappeler le principe de vos Quatre heures?

C’est un concert d’une durée approximative d’une heure, imaginé pour les familles, au terme duquel nous prenons une petite collation ensemble. Il s’agit toujours d’une pièce musicale qui va faire appel à un autre art pour que le spectacle soit total. En juin dernier, nous avions interprété La Boîte à Joujoux de Claude Debussy (1862-1918) en collaboration avec la filière préprofessionnelle du Département Danse et Théâtre du Conservatoire populaire de musique. Pour mon premier Quatre heures cette saison, c’est la Cie Confiture, menée par Philippe Cohen et Gaspard Boesch, qui avait revisité le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns.

 

Quels retours avez-vous de la part du public?

Les adultes comme les enfants sont ravis de pouvoir partager ensemble un moment où chacun trouve son compte. Car aujourd’hui il existe encore trop peu de concerts tournés vers ce public-là, alors que la demande est toujours plus forte. C’est pour cette raison que nous avons souhaité réserver deux rendez-vous à l’attention de ce public dans notre programmation.

 

Pourquoi d’après vous Theo Loevendie a-t-il choisi de mettre en musique Le Rossignol?

Je connais bien Theo, aujourd’hui dans sa 86ème année. Peut-être a-t-il été touché par le conte et sa parabole universelle entre nature et technique, mais je sais qu’il avait à cœur de créer une pièce pour le jeune public spécifiquement, à l’image de celle de Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev où chaque instrument représente un animal. Un genre de pièce musicale pour narrateur et orchestre malheureusement encore trop rare de nos jours.

Dans Le Rossignol, l’oiseau est représenté par la clarinette, et l’oiseau-automate, qui s’oppose à lui dans le conte, par une musique plus artificielle créée par un ensemble d’instruments – trompette, basson, carillon, triangle – auquel s’ajoutent les pizzicati des cordes (technique de cordes pincées). Pour Theo Loevendie, la musique signifie originellement communication, ce qui est associé à son expérience de musicien de jazz et d'improvisateur. Cette conviction est le fondement, par exemple, de la forme intuitivement compréhensible et clairement construite de ses œuvres. Etiquetée musique contemporaine, celle-ci s’appréhende très facilement. Les sons sont très illustratifs, on comprend tout de suite de quoi il s’agit, la musique vient renforcer le texte inscrit dans la partition et vice et versa.

 

 

Qu’est-ce que le chant d’oiseau a de fascinant pour un musicien?

Je crois que c’est ce que tout le monde ressent à l’écoute d’un chant d’oiseau. Souvent quand je marche dans la rue, la beauté d’un chant d’oiseau peut me stopper net tant il est pur. Même un moineau ou un canard contribuent à l’extraordinaire diversité de sons que nous offre la nature. De nombreux compositeurs s’en sont d’ailleurs inspirés. Clément Janequin (1485-1558), connu pour un grand nombre de chansons, d’écriture polyphonique et contrapuntique, a écrit de grandes pièces vocales descriptives, également teintées d’humour ou de poésie, parmi lesquelles Le Chant des oiseaux ou L’Alouette, des œuvres introduisant de longs passages en onomatopées, chantées au milieu d'autres paroles. Elles ont été publiées en 1527 et 1537 et le rendirent vite célèbre, en France comme ailleurs.

La 6e symphonie de Ludwig van Beethoven, composée entre 1805 et 1808, dite "Pastorale", évoque à merveille la nature que Beethoven aimait tant: le chant des oiseaux, le vent, l’eau, le tonnerre, et marque en même temps le début de ce nouveau genre de "musique à programme intérieur" qui sera caractéristique du 19ème siècle. Parmi les exemples les plus célèbres, on peut encore citer Le Rossignol de François Couperin pour flûte à bec et clavecin (env. 1725), Le Chant du Rossignol d’Igor Stravinsky (1919) et Le Réveil des Oiseaux d'Olivier Messiaen (1958).

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Quatre heures d’Arie n°2, Le Rossignol, un concert de L'Orchestre de Chambre de Genève à découvrir en famille au Studio Ernest-Ansermet à Genève le 1er avril 2017 à 16h00. Avec Joan Mompart, récitant.

Renseignements et réservations au +41.22.807.17.90 ou sur le site www.locg.ch

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