Sur les traces de Biagio Marini
Les 11 et 15 octobre, Hadrien Jourdan prendra part à deux concerts monographiques dédiés à Biagio Marini, avec l’Ensemble Temenos et l’ensemble La Fenice. Il nous en dit plus.
Les Concerts.ch présentent deux concerts dédiés à Biagio Marini. Comment s’est orienté ce choix de compositeur auquel on ne penserait pas immédiatement?
Hadrien Jourdan. Nous avons l’habitude de proposer, en octobre, une série de concerts thématiques. Nous concevons alors des programmes autour d’un lieu, d’une ville (Naples...), d’un compositeur (Couperin, Geminiani)...Cette année, ce sera Biagio Marini, un compositeur italien qui n’est pas si souvent joué en concert. J’ai voulu construire des soirées autour de lui, et comme Jean Tubéry et l’ensemble La Fenice avaient enregistré Marini par le passé, c’était une évidence de les inviter à jouer lors le deuxième concert.
Je suppose qu’il y a toujours une partie de risque, mais je ne suis pas inquiet. L’année dernière, nous avons joué Erlebach en avril et Legrenzi en octobre. Ce sont deux compositeurs que le public ne connait pas, ou très peu, et pourtant, les concerts ont vraiment bien marché. Le public était au rendez-vous; la salle était presque comble.
Nous avons un noyau de spectateurs fidèles qui nous suivent, même dans les programmations plus audacieuses, mais pas uniquement; une partie du public vient également voir nos concerts sans forcément nous connaître au préalable.
Effectivement, en existant depuis autant de temps (sous un autre nom au départ, les Concerts Spirituels Genève), c’est normal qu’une part des personnes venant aux concerts soit des spectateurs réguliers. Cela dit, je ne pense pas qu’on puisse dire que tout repose là-dessus; la programmation joue sans doute un rôle également.
Nous essayons au maximum de diversifier et équilibrer nos propositions entre musique vocale et musique instrumentale, mais aussi compositeurs phares et à découvrir.
Pour le concert de septembre par exemple, nous avons joué des œuvres de Haendel (concerti grossi et concerti pour orgue). Plus tôt dans l’année nous avons proposé des concerts autour de Bach (Johann Sebastian et Carl Philipp Emanuel) et Pachelbel, facile d’accès pour un public «non averti». Nos concerts sortent du commun et s’adressent à un public connaisseur tout autant qu’à un public simplement en quête de beauté et d’inspiration.
L’Ensemble Temenos n’est pas officiellement lié aux Concerts.ch. En tout cas pour le moment, mais c’est vrai que nous pourrions bénéficier de plus d’aides en tant qu’ensemble. Avoir son propre ensemble a un côté pratique, du point de vue l’organisation notamment, mais je ne l’ai pas créé dans le but de les programmer dans la série de concerts.
À vrai dire, j’étais réticent à l’idée de constituer un ensemble, au départ; tout le monde le faisait, je ne voulais pas. Finalement, il s’est avéré que c’était assez pratique, plutôt que de monter des orchestres éphémères pour des projets ponctuels. C’est chronophage.
C’est un autre aspect essentiel. Notamment pour les concerts qui arrivent, par exemple, nous n’avons qu’un jour et demi pour répéter ensemble. C’est très peu de temps, mais comme nous nous connaissons bien, le processus de travail est facilité.
Le travail en amont est donc beaucoup plus important?Beaucoup plus long, oui. Ne serait-ce que trouver le répertoire peut prendre du temps. Ensuite, en tant que directeur musical, il me faut environ un mois pour bien préparer les concerts. Lire les partitions, faire des choix d’interprétation, intégrer l’œuvre...
Rien que la lecture est parfois un défi en soi. Pour les pièces peu jouées et peu connues, des éditions peuvent ne pas exister. On doit donc lire sur des facsimile, ou des éditions anciennes en caractères mobiles... pas évident, cela peut prendre plus de temps, mais dans la musique ancienne on a l’habitude.
Je suis directeur artistique des Concerts.ch depuis 2003 et l’Ensemble Temenos existe depuis 2013. Tout ce que cela a changé, c’est que nous avons un ensemble local pour certains des concerts. Pour le reste, nous invitons toujours d’autres artistes et ensembles comme La Fenice et Jean Tubéry le 15 octobre.
En ce qui concerne les œuvres programmées, cela n’a rien changé non plus, j’essaie toujours de garder cet équilibre dont nous parlions, entre musique vocale et instrumentale et entre découvertes et redécouvertes. Ce qui compte, c’est de proposer des programmes qui ne soient pas attendus et surfaits.
Toujours surprendre et inspirer!
Le 11 octobre, L'Ensemble Temenos interprète Biagio Marini au Temple Saint-Gervais, Genève
Programme Affetti cantabili, En savoir plus:
https://www.lesconcerts.ch/Concerts/2023/Marini/Marini-11.html
Le 15 octobre, l'ensemble la Fenice interprète Biagio Marini au Temple Saint-Gervais, Genève
Programme: Moderne & curiosi inventioni. En savoir plus:
https://www.lesconcerts.ch/Concerts/2023/Marini/Marini-15.html
https://www.lesconcerts.ch
