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Regards croisés aux Marionnettes de Genève

Publié le 04.07.2021

 

La nouvelle saison du Théâtre de Marionnettes de Genève est connue! Elle proposera une grande variété de spectacles dans lequel les différentes techniques seront représentées - marionnettes à fil, de table, d’objets, du théâtre d’ombres - à l’intention de différents publics, dès 2 ans jusqu’à 16 ans. Lors de sa présentation devant la presse, la directrice Isabelle Matter a aussi évoqué différentes catégories d’auteur.e.s: des plus classiques d’hier (London, Zola), aux plumes contemporaines.

Est-il possible de tirer des lignes directrices d’une telle variété? La réponse est oui, même si les créations côtoieront probablement les reports et les reprises tout au long de la saison, «Notre fil conducteur est le questionnement autour des rapports qu’ont les êtres humains avec la nature, les animaux ou encore avec leurs congénères. La figure de l’animal apparaît comme un alter ego qui questionne l’humain et sa manière d’être vivant».

 

Nouvelle saison, nouvelles images. Le champ thématique du programme 2020-2021 se révèle aussi dans le visuel de la saison, signé une fois de plus par l’illustratrice et graphiste Sylvia Francia, explique Irène Le Corre, responsable de la communication: «Elle a essayé de mettre en avant des figures animales, en mettant en exergue les yeux. Cela souligne la notion de regard et la manière dont on perçoit la nature, les autres, et dont on se perçoit soi-même. Dans son graphisme, on retrouve aussi toujours quelque chose de l’ordre du fait-main, qui rappelle que dans un théâtre comme le nôtre, beaucoup de choses sont faites à la main, à commencer par les marionnettes.»

Mais place aux spectacles, et aux présentations de la directrice et ou des artistes, avec en ouverture, un spectacle pour les «grands».

 

Hen, de Johanny Bert. Dès 16 ans, du 8 au 10 octobre
Isabelle Matter: «C’est un pronom suédois inventé pour être neutre, ni masculin ni féminin. Le spectacle met en scène une marionnette protéiforme - qui a au moins 16 corps pour un seule tête. C’est un cabaret à la fois festif, joyeux, tendre mais aussi grinçant, délirant, qui aborde la liberté d’être soi quel que soit son genre. Certaines images à connotation sexuelle peuvent paraître crues. Mais ce n’est jamais vulgaire, toujours tendre, pour évoquer la tolérance et l’acceptation.»

 

 

Le roi des nuages, de la Cie Zusvex. Dès 7 ans, du 16 au 24 octobre
Isabelle Matter: «Yoann Pencolé s’interroge sur la notion de normalité, et sur la monstruosité. Il raconte ici l’histoire d’un enfant autiste Asperger, en adoptant le point de vue de l’enfant. C’est un garçon extrêmement vivant qui entretient un lien fantastique avec les nuages, mais aussi un enfant qui doit apprivoiser le monde des relations humaines directes qui lui est totalement inconnu.»

 

Dans les jupes de ma mère, du Toutito Teatro. Dès 2 ans, du 29 octobre au 7 novembre.
Isabelle Matter: «Tout le spectacle se déroule entièrement sur et dans les costumes des parents. C’est très tendre, très ingénieux. Les enfants sont estomaqués par toutes les trouvailles, les parents rient beaucoup parce qu’ils se reconnaissent dans la difficulté des personnages à laisser l’enfant quitter le nid.»

 

 

Fables, par la Cie Arnica. Dès 7 ans, du 10 au 21 novembre
Isabelle Matter: «Un focus sur la marionnettiste et metteure-en-scène Emilie Flacher avec d’abord trois spectacles de fables. Ce ne sont pas des fables à la manière de La Fontaine, qui mettent en scène les hommes à travers les animaux. Ici, les fables nous invitent à changer de point de vue et à découvrir d’autres écosystèmes : dans un pâturage avec des moutons, dans l’océan avec des cachalots puis dans un terrier dans lequel doivent cohabiter diverses espèces.»

 

Ecris-moi un mouton, par la Cie Arnica. Dès 10 ans, du 25 au 28 novembre.
Isabelle Matter: «Il s’agit ici d’un autre spectacle d’Emilie Flacher, repris spécialement pour nous. C’est une mosaïque sur la guerre d’Algérie construite à partir de témoignages récoltés dans des banlieues françaises où toutes les blessures de cette époque ne se sont pas refermées. On abordant d’abord le temps de la guerre, puis le présent, ce spectacle sensible explore le vécu de certains protagonistes de la Guerre d’Algérie et de leurs descendants.»

 

 

Tu comprendras quand tu seras grand, de Steven Matthews. Dès 5 ans, du 4 au 22 décembre.
Steven Matthews: «J’avais envie d’un spectacle sur ce que c’est qu’apprendre à l’école… Et sur les cancres. C’est un tableau plein d’humour qui propose différents points de vue. Il met en scène un fils de cirquassien qui découvre l’école et une jeune fille dyslexique qui partent faire l’école buissonnière…avant de se faire rattraper par leur maîtresse, pleine de bonnes volontés.»

 

L’appel sauvage, une création du TMG. Dès 8 ans, du 14 au 30 janvier
Isabelle Matter: «J’ai eu envie de travailler sur un théâtre plus épique. Et je suis retombée sur Jack London. Fantastique! L’Histoire porte sur le parcours d’un chien arraché de son confort californien pour être vendu comme chien de traîneau. Il découvre la faim, le froid, la fatigue, la lutte pour la survie. Mais il va aussi découvrir en lui une force et des instincts longtemps enfouis. Et la liberté.»

 

La petite casserole d’Anatole, par la Cie Marizibill. Dès 4 ans, du 2 au 13 février
Isabelle Matter: «Il est toujours délicat d’adapter un album de jeunesse et son univers visuel à la scène, mais la compagnie Marizibill relève le défi avec brio. Ce spectacle le parcours d’un petit garçon, née avec une casserole accrochée à sa jambe, qui va tout tenter pour s’en défaire…avant d’apprendre à vivre avec. C’est une histoire drôle et tendre sur la résilience, une très belle aventure réalisée avec beaucoup de finesse.»

 

 

Aman’Aman’, par la Cie Tête dans le sac - marionnettes. Dès 8 ans, du 23 février au 6 mars
Cécile Chevalier et Franck Fedele: «Nous avons choisi la richesse des musiques méditerranéennes pour aborder le thème des migrations. Il y a beaucoup de petites histoires, on suit des personnages et des fragments de leurs vies: des lapins qui ont perdu la mémoire et qui essaient de se rappeler d’où ils viennent, une volaille qui fait un cour magistral sur la notion de frontière, des oiseaux migrateurs porteurs de messages clandestins,…»

 

Comme suspendu, par le Théâtre de l’Articule. Dès 3 ans, du 9 au 20 mars
Isabelle Matter: «Fatna Djahra avait envie d’une rencontre entre la marionnette et le monde du cirque. Il y a donc une trapéziste qui partage la scène avec un ballon qui devient de plus en plus expressif à mesure qu’il découvre ses possibilités. Un spectacle qui séduit par sa grande simplicité et par la force de ses images, et qui parle de comment on se construit et de comment on s’enrichit à la découverte de l’autre.»

 

 

La poupée cassée, d’après Marie-Danielle Croteau. Dès 4 ans, du 26 mars au 10 avril
Martine Corbat: « Frida Kahlo m’a accompagnée sur trois spectacles. Avec celui-ci, je voulais m’attarder sur son enfance au Mexique, sur l’arrivée de l’art et de la maladie chez une enfant, car chez Frida, l’un ne va pas sans l’autre. C’est un spectacle de marionnettes à fils, car la fragilité du fil se prête bien à Frida.»

 

Le paradis des chats, par la Cie Mokett. Dès 10 ans, du 27 avril au 8 mai
Delphine Barut: « Notre spectacle consiste en quatre adaptations de nouvelles très drôles et satiriques d’Emile Zola. Elles abordent les injustices sociales et se déroulent toutes dans une ville où cohabitent des personnages très différents. On rencontre un vicaire pélican gourmand, une hermine pleine de bons sentiments, des souris travailleuses de l’ombre en proie avec le chômage, et aussi des chats - l’un bourgeois, l’autre de gouttière.»

 

Cabaret en chantier,
par les Marionnettes de Genève. Dès 9 ans, du 20 au 22 mai
Isabelle Matter: « Ce Cabaret de fin de saison sera un peu particulier puisqu’il s’agira d’un laboratoire sur la marionnette à fil. Trois metteurs en scène-marionnettistes - Johanny Bert, Emilie Flacher et moi-même - s’interrogent sur le potentiel «contemporain» de cette technique de manipulation traditionnelle si exigeante, mais malheureusement en perdition. Notre travail de recherche sera présenté lors du Cabaret en chantier sous forme de petites formes ou de fragments, mis en scène et interprétés par des marionnettistes de la place.»

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

Théâtre de Marionnettes de Genève (TMG)

Programme complet, informations:
marionnettes.ch


Photo Isabelle Matter © Carole Parodi


 

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