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Les secrets de l’univers (et de l’amour)

Publié le 24.11.2019

 

Avec Stellaire, Stereoptik propose d’appareiller pour l’espace, du 29 novembre au 1er décembre, à Am Stram Gram. Stereoptik, c’est Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet, deux plasticiens et musiciens. Dans leurs spectacles, les dessins, les animations sont créées en direct sous les yeux des spectateurs, et projetés sur un écran, pendant que la musique est interprétée, elle aussi en direct. Ce mode d’expression qui fait intervenir table à dessin, caméra, marionnettes, aquarium et instruments de musique dégage une énergie et une poésie très originales.

Stellaire, leur nouveau spectacle, les amène à développer des analogies entre l’histoire de l’univers et celui d’un très humain amour. Jean-Baptiste Maillet, homme orchestre à la scène, évoque ici un spectacle très coloré. Et la satisfaction de l’artiste qui continue, plus de dix ans après les débuts du duo de Stereoptik, de continuer de repousser les possibles de l’outil de travail qu’il a créé – il n’y a pas que l’univers qui soit en expansion.

 

 

Votre précédent spectacle s’affirmait avec une certaine noirceur. Celui-ci s’annonce plus coloré. Par plaisir des contrastes?

L’histoire de Dark Circus avait été écrit par PEF, un auteur plutôt jeune public. Si elle présente une certaine dose d’humour noir, elle a surtout conditionné un spectacle plus narratif. Stellaire n’est pas créé en réaction, mais il nous permet de renouer avec une veine plus poétique.

 

Et vous appareillez pour l’espace!

Le point de départ a été la rencontre avec des astrophysiciens de l’université de Groningue, au Pays-Bas, qui nous ont dit que notre mode d’expression serait idéal pour raconter l’histoire de l’univers. Pour autant, nous n’avons pas voulu créer un spectacle didactique. Nous évoquons des notions basiques et d’autres qui le sont moins, mais nous intégrons naturellement cette dimension scientifique, ce n’est pas du tout un spectacle pour public averti. De même, il a toujours été très important pour nous que les gens qui viennent pour la première fois au théâtre soient aussi à l’aise que ceux qui ont des abonnements depuis des années.

 

Quel est votre point de départ?

Nous avons réalisé que beaucoup de représentations graphiques de l’univers sont des images, des vues d’artistes. Nous avons décider de développer la notre, en partant du fait que l’univers est en expansion, qu’il est une énergie en expansion. Il en est de même de deux personnes qui se rencontrent. Il y a aussi une énergie qui se manifeste, puis quelque chose de nouveau qui n’existait pas auparavant qui apparaît. Cette analogie, sensible, poétique, nous plaisait, nous avons décidé de la développer.

 

 

Donc vous racontez deux histoires interconnectées?

Nous mettons en scène la rencontre entre une astrophysicienne et un peintre. Nous savons ce qu’elle représente pour nous, mais notre narration permet à chacun de s’imaginer ce qu’il veut... Dans l’univers, les étoiles naissent dans les nébuleuses. Quand elles meurent, parfois elles explosent, et leurs particules vont ensemencer l’univers. On ne sait pas tout, loin de là, mais on ne sait pas non plus exactement tout de ce qui fait que des humains vont l’un vers l’autre!

 

Et votre univers artistique, est-il en expansion?

Il y a un peu plus de dix ans, nous avons inventé ce dispositif de création en direct, avec les tables, les écrans, les caméras, l’aquarium… Cet outil, nous le poussons toujours de plus en plus loin. Avec Stellaire, nous travaillons pour la première fois avec de la peinture, de la gouache – c’est un spectacle très coloré. Nous avons aussi davantage expérimenté à partir de vidéo préenregistrées. Il y en avait déjà un peu dans Dark Circus, nous allons plus loin cette fois-ci. Globalement, nous sommes sur un spectacle plus pictural.

 

La musique est aussi jouée en direct. L’espace vous projette-t-il là aussi dans une autre dimension?

Si Stellaire a demandé deux ans et demi de travail, alors nous avons passés deux ans et cinq mois à faire des recherches sur l’image et à mettre au point le visuel. Il y a quelques idées musicales qui sont notées en chemin, mais cela se crée et se constitue après. Cette fois-ci, il y a aussi davantage d’éléments pré-enregistrés que dans nos précédents spectacles. Par exemples des cordes qui amènent une dimension plus cinématographique. La difficulté consiste à ce que la différence avec ce qui est joué en live ne soit pas perceptible.

 

Pour interprétez un spectacle aussi complexe, n’auriez-vous pas avantage à être davantage que deux sur scène?

Non, c’est très important pour nous de conserver justement cette dimension performative. Et cette interprétation, très exigeante fait partie du spectacle. Le public voit que nous réalisons tout en direct, de manière assez artisanale. Nous sommes constamment en train de jouer d’un instrument, de peindre, de procéder à des réglages de caméra, de luminosité. A partir d’un certain stade, cela devient une chorégraphie. Nous sommes très attaché à ce qu’implique cette part d’interprétation. Nous venons de lancer Stellaire au Théâtre de la Ville, à Paris. Entre la première et la quinzième représentation, ce n’est plus le même spectacle.

 

Cette interprétation sur laquelle vous insistez, l’urgence qui se dégage du tout, rappelle un peu l’énergie du rock…

A la base, Romain et moi étions membre de la même fanfare funk. Nous jouions les deux des percussions – l’un de la caisse claire, l’autre de la grosse caisse. La dimension rythmique est restée très importante avec Stereoptik. Un peintre, un plasticien qui n’aurait pas le sens du rythme ne pourrait jamais faire ce que nous faisons. Dans le déroulé du spectacle, nos images, nos illustrations sont pensées comme des partitions – tel tableau doit être réalisé en huit mesures, tel autre en 16, ou en 32!

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Stellaire, par la Compagnie Stereoptik, du 29 novembre au 1er décembre au Théâtre Am Stram Gram. Dès 9 ans.

Informations, réservations:
www.amstramgram.ch/

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