C’est parti pour la 12e édition des Athénéennes, qui se dérouleront du 1er au 10 juin à l’Alhambra, au Temple de la Madeleine et à l’alhambra. Chaque édition est assortie à un thème, cette fois-ci, ce sera le cinéma, et les amours entre musiques et grands écrans sans lesquels Cinema Paradiso le serait moins.
Que cela soit la musique écrite pour les films, la musique classique reprise dans les films, ou celle des comédies musicales, une immense majorité des concerts auront un lien avec le cinéma, et les spectateurs renoueront avec les souvenir des images vues à l’écran - et parfois même reproduites en direct sur écran!
C’est donc très naturellement qu’au fil de la présentation officielle du programme du festival, le mois dernier, les noms de Liszt, Wagner, Prokofiev, Stravinsky, Bill Evans ou Lalo Schifrin ont côtoyé ceux de Scorsese, Von Trier, Kubrick, Coppola, Tarkovsky ou encore des titres de séries telles que Twilight.
Audrey Vigoureux, Marc Perrenoud et Valentin Peiry, co-fondateurs et co-directeurs de la manifestation ont aussi réaffirmé la nature profonde des Athénéennes, soit l’amour et la qualité de la musique au-delà des genres. Classique, jazz, rock, électro et métissages variés seront de la fête.
Le programme d’une soirée du festival se décline en plusieurs concerts classiques, jazz, le plus souvent avec un supplément de rock, généralement genevois et novateur, et une fin de soirée avec DJ à l’Alhambar. Des prestations d’environ une heure pour des soirées toniques. Alors, kiyaura?
Beaucoup d’artistes sont attendus à l’Alhambra. Plus de 200, selon Marc Perrenoud. «Après une édition après covid en 2022, les Athénéennes prennent de l’ampleur, avec une soirée de plus, soit dix en tout. 26 concerts et 6 DJ sont proposés.» Soit beaucoup trop pour cette modeste présentation qui ambitionne davantage à une sélection. Le programme complet se lit et plutôt bien sur www.lesatheneennes.ch.
Nous commencerons comme il se doit par la fin. Car le dernier soir, le 10 juin, ce n’est pas l’arlésienne mais bien John Malkovich qui sera sur scène, un des acteurs les plus célébrés de sa génération est aussi celui qui a - semble-t-il - été le plus souvent attendu en vain aux Athénéennes - le Covid, tout ça.
Audrey Vigoureux: «John Malkovitch lira des extraits du roman Report on The Blind de l’écrivain argentin Ernesto Sabato. Il sera accompagné par une interprétation du concerto pour piano à cordes de Schnittke par l’orchestre fétiche du festival, L’Orchestre de Chambre de Genève, dirigé par nous nouveau chef, Raphaël Merlin».
Et nous reprenons plus sagement par le début. Et donc…
… le jeudi 1er juin.
Où le public est invité à découvrir trois concerts, comme le plus souvent aux Athénéennes, avec notamment Violeta Y El Jazz.
Marc Perrenoud: «Violeta Para est une inventeuse de la folk-music qui a beaucoup voyagé au Chili et au-delà à la découverte de chansons traditionnelles. Son répertoire sera porté par Emiliano Gonzalez Toro, un chanteur lyrique - ténor - originaire de Genève et d’ascendance chilienne dont l’enfance a été percée par la musique de Violeta. Pour ce concert, Emiliano se frotte à une sorte de folk latin jazz. Dix musiciens seront sur scène pour proposer un voyage, une sorte de road-movie sud-américain au travers de la musique.»
Nous le répétons pour la dernière fois, il y a chaque soir plusieurs concerts.
Le vendredi 2,
la soirée s’ouvrira avec le duo de pianistes Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia.
Valentin Peiry: «Ce sont deux artistes exceptionnels dans leurs choix artistique. Vanessa Wagner est notamment connue pour ses interprétations de compositeurs contemporains. Leur programme s’articule autour du Prélude à l’Après-midi d’un faune, de Debussy. On pense à une adaptation, mais ce n’est pas le cas, car cette pièce a été écrite pour deux pianos de manière tout à fait autonome par Debussy lui-même. Et on découvre que cette musique est tout aussi merveilleuse que la version pour orchestre.
Également à leur programme, je mentionnerai une œuvre récente et étonnante de Philipp Glass. Il maintient son rapport au minimalisme, mais il en fait depuis quelques années autre chose. C’est une œuvre tout à fait étonnante qui sera présentée, une musique davantage romantique, et en définitive très énigmatique.»
Samedi 3,
au programme de Kind of Bill, il y aura bien davantage que l’ombre de Bill Evans qui planera (et se fera entendre) sur la scène de l’Alhambra.
Marc Perrenoud: «Dadu Moroni est un des tout grand pianistes italiens de jazz. Il sera accompagné par la section rythmique historique de Bill Evans dans les années 67-72. Soit Eddie Gomez à la contrebasse et Joe Labarbera à la batterie. C’est Dadu qui m’a fait remarquer que ce n’était pas un hommage à Bill Evans, car les deux tiers de son trio sont vivants! Ils interpréteront un mélange des grands standards d’Evans, mais aussi des pièces souvent inédites composées par Gomez et Labarbera à cette époque.
Redécouvrir un interprète comme Labarbera, qui a 82 ans, est aussi une manière de répondre à la question où sont les vieux? Et d’écouter les mémoires vivantes de cette époque.»
Dimanche 4,
un seul concert mais pas n’importe lequel puisqu’il s’agit d’un ciné-concert pour famille. L’Orchestre de Chambre de Genève suivra les épisodes délirants et les poursuites infernales des protagonistes de 8 dessins animés de Tex Avery.
Chacun sera invité à redécouvrir la plasticité des compositeurs Scott Bradley et Carl Stalling à même de passer en un instant du classique au jazz ou à d’autres genres moins probables. Les plus acculturés auront une pensée pour Dimitri Soudoplatoff, chef d’orchestre, qui, faute de partitions disponibles, a réalisé, à l’oreille, un travail de transition considérable pour rendre possible ce pur moment de joie.
Lundi 5,
Les Athénéennes se déplacent au Temple de la Madeleine, avec notamment un duo composé de Marie Krüttli au piano et de Ganesh Geymeier aux saxophones.
Marc Perrenoud: «Marie Krüttli multiplie en ce moment les projets et n’a jamais peur de se lancer dans des aventures complexes, comme c’est le cas dans ce projet After The Rain. Il s’agit d’un projet qui n’avait a priori pas de lien avec le cinéma. En discutant avec eux, ils ont cependant été intéressé à faire rentrer dans les patterns entrecroisés entre piano et saxophones, des éléments de mélodies connues au cinéma ou dans des séries, notamment dans Walking Dead, Twilight, ou dans Triangle of Sadness, de Ruben Östlund - Palme d’Or à Cannes en 2022".
Mardi 6
Piano jazz encore, mais en solo avec Yaron Herman.
Marc Perrenoud: «Après un premier album en solo il y a une quinzaine d’années, il a mis en place un système quasiment mathématique en temps réel qu’il a énormément travaillé. C’est avant tout un système basé sur la mémoire immédiate, mais aussi la possibilité de construire en temps réel des développements et une trame musicale qui tient la route. Cela se fait en concert, Avec Alma, il l’a réalisé en studio, ce qui est nettement plus rare. Je conseille le disque et bien entendu le concert!"
Mercredi 7,
un autre piano solo dans notre sélection, mais celle-ci dans le cadre d’un événement de musique contemporaine.
Valentin Peiry: "Stéphane Ginsburgh est un extraordinaire pianiste belge qui, tout en jouant merveilleusement doutes les sonates de Prokofiev, ce qui ne veut pas dire peu de chose, s’intéresse beaucoup au répertoire contemporain. Son programme s’articule autour de compositions de Stefan Prinz, qui interroge ce qu’est un pianiste.
Au XXIe, il devient difficile de prétendre que c’est celle ou celui qui joue du piano. Les œuvres de Prinz et leur titre un peu ironique - Piano Hero - placent le musicien devant ce questionnement. Héro, anti-héro? Un clavier électronique est ajouté pour mettre en perspective cette interrogation?»
Jeudi 8,
les Athénéennes, de retour à l’Alhambra, accueillent, entre autres, le Lemanic Modern Ensemble, qui a placé sa saison sous le signe de Ravel, mais pas que.
Valentin Peiry: «On adore accueillir le LME qui défend la musique moderne, écrite récemment. Au cours de sa saison 23-23, l’ensemble rend hommage à Maurice Ravel. Pour ce concert, il a chargé le compositeur Luis Naón d’une réécriture de l’Alborada del grazioso. Le même travail a été confié à William Blank sur L’Oiseau de feu, de Stravinsky. Il y aura ainsi une musique contemporaine et moderne, une revisite de ses œuvres du patrimoine, qui doit permettre d’en révéler d’autres aspects de leur écriture.»
9 juin,
Le saxophoniste Sylvain Rifflet monte sur scène avec son quarter et avec le Quatuor Zaïre. Jazz + Classique, donc.
Marc Perrenoud: «Sylvain Rifflet a remporté plusieurs Victoires de la musique. Avec ce projet Refocus, il rend hommage au Focus de Stan Getz, dans lequel celui-ci improvisait sur une partition écrite d’un ensemble à cordes. Mais avec Refocus, Sylvain Rifflet a composé lui-même la partition qu’interprétera le Quatuor Zaïd!"
Et le 10 juin,
Pour ceux qui ont suivi, il y aura John Malkovitch avec Anastasya Terenkova et l’Orchestre de Chambre de Genève!
leprogramme.ch
Les Athénéennes
12e édtion - Cinéma!
Du 1er au 10 juin à l'Alhambra, au Temple de la Madeleine et à l'Alhambar
Musique Classique, Jazz et Créations
Un tarif préférentiel est proposé pour l'intégrale des concerts d'une soirée. Et pour les abonnements
Informations, programme complet, billetterie:
https://www.lesatheneennes.ch