Ivanov

Après King Kong Théorie de Virginie Despentes, Émilie Charriot présente Ivanov au Théâtre Saint-Gervais à Genève, l’une des pièces les plus emblématiques et les plus violentes de Tchekhov, pour parler de ces individus qui ne parviennent pas à trouver leur place dans une société en mutation.

Ivanov? En Russie, c’est un peu "Monsieur tout le monde". La fibre rugueuse des antihéros, fonctionnaire quinqua de l’administration des affaires paysannes, enlisé dans son existence sans ambition. Sa femme est mourante, la dépression n’est pas loin. Un homme désespéré, comme Tchekhov les affectionne. Pourtant, une seconde chance s’offre à lui le jour où Sacha, jeune femme d’à peine vingt ans, frappe à sa porte. Ivanov aura-t-il droit à sa seconde chance? N’y a-t-on pas tous droit?

Les grands textes comportent tous une part non élucidée. Comédie ou drame? L’hésitation de Tchekhov, qui a opté successivement pour les deux appellations, est révélatrice du statut de cette véritable leçon d’humanité. L’auteur de La Mouette avait 32 ans lorsqu’il a imaginé Ivanov. Le même âge qu’Émilie Charriot, qui monte elle aussi, son deuxième spectacle. En s’emparant de ces "fragments d’un amour impossible", la jeune metteure en scène, avec sa manière à la fois simple et sophistiquée et depuis son point de vue de femme, entend montrer les difficultés à vivre et à aimer de ces individus attachants et désespérants. Ils nous ressemblent tellement.

D'Anton Tchekhov, mise en scène Émilie Charriot

Avec Valéria Bertolotto, Pierre-Isaïe Duc, Lola Giouse, Tomas Gonzalez, François Herpeux, Marie-Madeleine Pasquier et avec la participation d'Émilie Charriot