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Plan-les-Ouates bichonne sa 10ème saison

Publié le 02.07.2015

 

« Programmer du cirque, c’est trouver une sorte de médiane pour ceux qui ne vont habituellement pas au théâtre »

 

L’étonnant solo aux mille visages chorégraphié par Maguy Marin, la rencontre d’une yodeleuse avec la tradition coréenne revisitée et dansée par la Lausannoise YoungSoon Cho Jaquet, l’« effet papillon » des circassiens de Magmanus, le jazz cubain de Fonseca ou encore la légendaire épopée du Mahâbhârata qui vous transportera une bonne partie de la nuit, bien installés sur des coussins et transats de rigueur. Autant de propositions à découvrir dans la dixième saison de l’Espace Vélodrome de Plan-les-Ouates. Interview de son programmateur Pascal Mabut, qui œuvre au sein du service culturel de la commune pour offrir des spectacles variés et dédiés à tous. 

 

 

Chargé de programmation au sein du service culturel de la commune de Plan-les-Ouates, vous présentez une affiche toujours aussi pluridisciplinaire pour la dixième saison de l’Espace Vélodrome.

Oui, nous poursuivons notre ligne habituelle avec une programmation très généraliste. Dans notre théâtre municipal, il y en aura pour tous les goûts et pour tout le monde. Cette édition anniversaire marque aussi le départ du magistrat (également en charge de la culture, ndlr) et l’arrivée d’un nouveau.

 

La danse contemporaine y a une belle place, notamment avec des artistes de renommée internationale tels que Maguy Marin ou la chorégraphe lausannoise d’origine coréenne YoungSoon Cho Jaquet.

Il nous est toujours difficile d’accueillir de la danse car la discipline nécessite de grands plateaux. Nous avons donc trouvé des formes qui conviennent, notamment le solo chorégraphié par Maguy Marin pour un comédien, en partenariat avec Antigel. Il y a quatre saisons, nous avions invité la chorégraphe YoungSoon Cho Jaquet. Son spectacle jeune public nous avait plu. Nous lui avions proposé de revenir présenter sa création suivante.

 

On la retrouvera donc cette saison avec Sugungga inspiré d’un récit traditionnel coréen, autre pièce destinée au jeune public ?

Sa nouvelle pièce sera créée au Petit Théâtre à Lausanne. On ne sait donc pas tout à fait où l’on va. Mais l’idée de montrer de la danse à un très jeune public avec une yodeleuse sur scène nous semblait une proposition un peu folle, que nous avions envie d’accueillir ici. C’est un coup d’épée dans l’eau si une compagnie ne présente que quelques représentations à la création, sans pouvoir tourner ensuite. Nous lui garantissons ici une ou deux dates en plus.

 

Programmer de la danse avec le Festival de La Bâtie et Antigel, est-ce un plus pour vous ?

Le partenariat avec La Bâtie, que nous avons développé dès le départ il y a dix ans, et avec Antigel depuis ses débuts, nous amène un autre public. Cela nous permet de programmer des pièces qu’on ne proposerait sinon pas. Là, on ne prend pas le risque seul.

 

Vous accueillerez donc Maguy Marin, habituée des pièces de groupe et des scénographies imposantes, en partenariat avec Antigel. Elle y présentera cette fois-ci un solo pour un comédien. Un projet atypique ?

Singspiele est un projet tout à fait étonnant, davantage dans le registre de la performance. Le comédien David Mambouch change de personnage à l’aide d’une simple image posée sur son visage. Il en incarne une trentaine à lui tout seul, en prenant réellement les attitudes de chacun d’entre eux.

 

 

On verra aussi du cirque à Plan-les-Ouates cette saison. La Compagnie Magmanus présentera Attached. Un coup de cœur ?

Programmer du cirque, c’est trouver une sorte de médiane pour ceux qui ne vont habituellement pas au théâtre ou qui ne se rendent qu’à des concerts. Ce qui est intéressant dans Attached, c’est l’« effet papillon » produit entre les deux protagonistes. Tout bascule par un simple mouvement de déclenchement dans ce duo entre un grand costaud et un tout petit. Et ça fonctionne incroyablement bien.

 

La musique n’est pas non plus en reste, entre les influences occitane, haïtienne, cubaine, orientale…

Oui, on part de Cuba pour aller en Haïti en passant par l’Orient. Nous invitons par exemple Basel Rajoub, qui a fui la Syrie et s’est installé à Genève. Je l’avais vu jouer à Cully. On croit parfois à tort que les musiques d’ailleurs sont un peu figées. Au contraire, elles s’inscrivent de plus en plus dans les musiques actuelles. Avec Roberto Fonseca, on avait envie d’être dans une ambiance jazz. Nous voulions aussi nous situer sur une zone géographique qu’on a peu montrée ici. Son solo est tout à fait incroyable, un vrai show. Il s’est d’ailleurs théâtralisé. On verra Fonseca évoluer sur scène avec différents instruments.

 

 

Après Cuba, vous nous ferez aussi faire un détour par la chanson franco-québécoise.

Pierre Lapointe est un véritable personnage. On l’invite pour la troisième fois en dix ans, il faut venir le voir. Il défend la langue française comme personne. Là, il revient au piano et à la chanson française en reprenant Ferré, Aznavour, Barbara. Il chantera les titres de son album Paris, Tristesse. Etre triste à Paris, la plus belle ville du monde, c’est assez beau.

 

Côté théâtre, Le Mahâbhârata, cette épopée-fleuve, sera une proposition assez spectaculaire et festive…

La légende raconte la bataille entre deux familles. C’est une épopée fondatrice de l’hindouisme, un livre de référence. La comédienne Cécile Hurbault est partie sur place à Java apprendre l’art de la marionnette et le théâtre d’ombres. Son spectacle réunit seize musiciens et chanteuses sur scène. On mettra des coussins et des transats pour y passer une partie de la nuit. Nous avons aussi prévu un repas typique indonésien.

 

Ce spectacle est présenté dans le cadre de La Cour des contes, un rendez-vous de Plan-les-Ouates devenu incontournable dans le domaine des arts de la parole ?

La Cour des contes promeut la littérature orale, l’épopée, le conte, les légendes. Nous en sommes déjà à sa 19ème édition. C’est un peu une photographie de ce qui se passe dans les arts du récit, autant traditionnels que contemporains. Pour marquer les dix ans de notre saison, nous avons donc choisi un gros spectacle comme Le Mahâbhârata, qui puisse aussi faire participer les abonnés de notre festival de contes. Et nous sommes assez confiants dans ce projet !

 

Propos recueillis par Cécile Dalla Torre

 

Découvrez toute la saison culturelle de Plan-les-Ouates à l'Espace Vélodrome et à La julienne sur leprogramme.ch ou sur le site de la Ville www.plan-les-ouates.ch

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