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"On s’est lancés dans une démarche de recherche de pièces pour trio et invité"

Publié le 06.03.2023

Fondé en 2019, le Trio Ernest est constitué de trois amis: la pianiste Natasha Roque-Alsina, le violoniste Stanislas Gosset et le violoncelliste Clément Dami. Aussi socialement sympathiques que musicalement exigeants, les trois jeunes musiciens montrent une complémentarité et une complicité qui créent la magie de leurs concerts.

Ils ont créé, à Genève, la série de concerts Bee Classical! lors de laquelle ils invitent des personnalités musicales. À l’occasion de leur prochain concert le 9 mars prochain au Conservatoire de Musique de Genève, ils seront accompagnés par le pianiste François-Xavier Poizat. Rencontre avec le Trio Ernest!


Pourquoi avoir voulu créer une série de concerts à Genève?

Stanislas Gosset : L’idée de Bee Classical! était d’avoir un espace de représentation que l’on pouvait contrôler et dont on pouvait assumer la direction artistique et faire des choix qu’on n’a pas forcément l’occasion de faire quand on est invités. Le fait de pouvoir contrôler tous les aspects nous a notamment permis de mettre en valeur des pièces moins connues du répertoire.

Clément  Dami: De cette façon, on s’inscrit aussi dans le paysage culturel genevois, pas seulement en tant qu’artistes, mais aussi en tant qu’organisateurs et programmateurs. C’est un moyen d’élargir notre notoriété à Genève et notre réseau de manière générale en faisant venir des artistes extérieurs.



Comment choisissez-vous les artistes invités?

C.D.: Ce sont forcément des gens avec lesquels on a déjà un contact. Souvent au moins un de nous trois. Cela ne veut pas dire que c’est nécessairement un contact musical. Je pense par exemple à l’altiste du prochain concert, Simone Gramaglia, qu’on connait en tant que directeur d’une institution dont on fait partie; on avait envie de le rencontrer. Dans tous les cas, ce sont des gens avec qui on a envie de jouer.

Choisissez-vous les interprètes avant les instruments, ou l’inverse?

S.G.: C’est un exercice assez contraint. On est toujours obligés de faire une recherche de répertoire et on ne sait pas ce qu’on va trouver. On n’a pas cette liberté de se dire qu’on va inviter une personne en particulier sans avoir une idée de pièce possible au préalable.

Natasha Roque-Alsina: C’est aussi pour cela qu’il y a des instruments qu’on a du mal à inviter, comme le violoncelle. Les pièces qui utilisent un piano, un violon et deux violoncelles, ce n’est pas courant.

Connaissiez-vous déjà François-Xavier Poizat?

N.R-A: Je le connais depuis longtemps par le biais de Damien Bachmann, un ami commun.

C.D.: Si je me souviens bien, quand j’étais à l’Orchestre du Collège, on l’avait accompagné en soliste. Il nous a également invité dans son festival Puplinge Classique il y a deux ans. Le monde de la musique à Genève est petit.





Décidez-vous du programme d’un commun accord?

C.D. Le principe est toujours de laisser une carte blanche à l’artiste invité. Certains décident de faire des pièces solo, comme François-Xavier; d’autres choisissent des pièces avec un ou plusieurs instruments du trio. Par exemple, pour le concert du 1er juin, Simone Gramaglia a demandé à faire un trio à cordes de Beethoven. On a également toujours un trio, qui est évidemment l’identité du Trio Ernest. Ensuite, on fait des propositions pour la pièce tous ensemble. Ce n’est pas comme s’il y avait du répertoire très connu pour quatre mains, violon et violoncelle. Dans ce cas-là, on a proposé Berens.

Comment vous est venue l’idée de ce quatuor-là qui n’est pas très connu?

S.G.: On connaissait déjà l’œuvre. L’année dernière, on est tombés sur un enregistrement de personnes que l’on connaissait et qui avaient enregistré tout un CD de quatuors pour trois instruments. On s’est dit qu’il y avait du répertoire un peu amusant pour une formation à laquelle on n’avait pas pensé.

N.R-A.: C’est la même chose pour Clémence Tilquin en octobre. C’est une de mes amis qui m’a parlé d’une transcription de son professeur de Winterreise pour voix et trio avec piano. On s’est dit que c’était une très bonne idée; on avait envie de faire quelque chose avec chant, mais on n’avait pas d’idée de pièce.

S.G. On s’est lancés dans une démarche de recherche de pièces pour trio et invité. Comme c’est un répertoire plein de surprises, c’est normal de faire des découvertes.

Le piano quatre mains était une nécessité ou était-il possible d’avoir deux pianos?

C.D.: On aurait pu mettre deux pianos. La pièce est écrite pour piano quatre mains, donc la question ne s’est pas posée, mais on aurait très bien pu avoir accès à deux pianos.

S.G.: En termes de volume sonore et de résonance, ce serait différent d’avoir deux pianos. Et finalement, ce ne serait pas vraiment possible dans ce cas-là. La salle dispose de deux pianos de modèles Steinway différents. Le rendu serait déséquilibré. C’est ce qui est drôle, cette idée de quatuor pour quatre instrumentistes mais seulement trois instruments.





Le partage du clavier n’est pas trop complexe?

N.R-A.: Les pièces pour quatre mains peuvent être assez compliquées, mais dans le quatuor de Berens, c’est très bien écrit. Par contre, ce qui peut être difficile à gérer, c’est la pédale. Quand François-Xavier a le thème et que je n’ai rien, c’est moi qui m’en occupe parce que je suis «en ba » et c’est quand même difficile de mettre la pédale sur le thème joué par quelqu’un d’autre. C’est une technique particulière.

Vous devez donc vous mettre d’accord sur l’utilisation?

N.R-A.: Effectivement. À la première répétition, on a passé pas mal de temps à se mettre d’accord sur l’utilisation de la pédale. On se met au piano, on joue et on détermine si on a mis trop de pédale, pas assez...

Souhaiteriez-vous exporter cette série de concerts ailleurs?

N.R-A: On a évoqué l’idée de doubler les concerts à Berne. Je suis en pourparlers avec l’ancien directeur de la Haute Ecole de Lucerne où j’ai fait mon Master et qui est devenu un ami. Il a beaucoup de contacts à Berne et il a la volonté de nous aider. On va déjà essayer de doubler le concert de sortie de CD en janvier 2024. Si on y arrive, on avisera. Si ça marche bien, effectivement, pourquoi ne pas doubler les concerts.

En tant que trio, est-ce que le répertoire concertant comme le Triple Concerto de Beethoven pourrait vous intéresser?

C.D.: On y pense, justement, on est en train de chercher des orchestres avec qui jouer le Triple Concerto de Beethoven!

Propos recueillis par Sébastien Cayet


Trio Ernest et François-Xavier Poizat

Le jeudi 9 mars, 20h, Salle Bartholoni, Conservatoire de Musique de Genève


Programme:
L. Beethoven, Trio op.1 n°2
F. Liszt, extraits des Années de Pèlerinage (Suisse)
F. Chopin, Polonaise Eroica
H. Berens, Gesellschaft’s Quartett n°3 op.72


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