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Mais qui sont ces gens?... ces naufragés du zéro G

Publié le 05.10.2018

 

Du 5 au 21 octobre, le Théâtre du Loup à Genève donne rendez-vous à un groupe d’amies et d’amis qui s’apprête à fêter le Nouvel An dans une maison de campagne du Gard, loin de tout ou peu s’en faut. En proposant de suivre les retrouvailles entre cinq fringants quadra-cinqua complices, Mais qui sont ces gens? se lance donc sur la piste de la comédie générationnelle de retrouvailles. Avec l’élément contemporain qui faisait défaut dans les sommets du genre: les portables. Ces passagers clandestins brouillent les codes, et lorsque le Wi-Fi ou l’électricité vient à manquer ou à se défiler, la catastrophe menace, et tout le monde se met à battre dans la campagne aussi sûrement que dans Le 8e passager.

Le portable favoriserait-il le mélange des genres? L’un des cinq comédiens, Laurent Deshusses, répond à toutes les questions. Ou presque.

 

Il semblerait qu’il soit question, dans la pièce, de téléphone portable…

… et surtout d’amitié. La question qui se pose est: est-ce qu’avec notre cordon ombilical relié à un I-Phone, nous connaissons encore les gens? Est-ce que l’on peut encore bien les connaître?

 

Les protagonistes sont des amis de longue date. Ils ont un vécu en commun qui précède l’arrivée de la téléphonie mobile dans leur groupe. Cela pourrait les rendre plus indépendants.

Nous pouvons nous poser la question. Et cela devrait permettre de mieux évaluer l’incidence du portable, notre rapport à ses services… Dans la pièce, la réponse est que le rapport est total, notre implication… Mais je réalise que j’en parle trop sérieusement, c’est sans doute dû au fait que je suis, à quelques jours de la première, très impliqué! Je précise donc que Mais qui sont ces gens? n’est ni un spectacle noir, ni une pièce qui véhicule des jugements de valeur: c’est une comédie.

 

La réunion entre vieux amis est un genre de comédie en soi. Si on y ajoute des appareils électroniques…

La référence à des comédies comme Mes meilleurs copains (n.d.l.r.: film de 1988 de Jean-Marie Poiré, avec Christian Clavier et Gérard Lanvin) est totalement assumée par l’auteure Manon Pulver. Et pour reprendre un propos de notre metteur en scène Julien George: la différence c’est que les amants ne sont plus dans les placards, ils sont dans les portables. Nous avons notre vie intime et nos secrets en permanence sur nous.

 

En êtes-vous sûr?

Empruntez le téléphone d’une ou d’un proche et demandez-lui si cela le dérange que vous jetiez un coup d’œil sur ces messages!

 

 

Les spectateurs vont-ils voir des comédiennes et des comédiens réciter leur texte tout en s’agitant frénétiquement sur leurs smartphone?

Non, vous allez assister à une soirée de Nouvel An à laquelle participent des gens qui font des efforts pour être là. De savoir s'ils ont envie d’être là, et à quel point ils en ont envie est un des enjeux de l’histoire. Dans le contexte de la comédie, cela les amène à dire des choses en apparence banales, mais qui transportent avec elles toutes leurs inquiétudes, leurs angoisses, leurs peurs.

 

Donc pas de quiproquo quant à savoir si A réagit vivement à ce que B est en train de lui dire ou à ce qu’il lit sur son écran?

Il y a cinq personnages, le portable est le 6e protagoniste, celui qui peut intervenir à tout moment pour interrompre une discussion. Je le vois comme la neige sur un écran de télévision, qui vient interrompre, parasiter un programme. Et chacun gère cela différemment.

 

Impossible d’y échapper?

Organiser un Nouvel An sans téléphone portable? C’est totalement infaisable!

 

Est-ce que les protagonistes n’ont pas tout simplement plus rien à se dire?

Non, ils sont amis et ils savent pourquoi ils le sont. Mais ils ont tous quelque chose qui les tracasse. Mon personnage de Léonard attend quelqu’un qui – cela arrive – ne vient pas. Ça l’atteint dans son moral en ce jour où il reçoit ses amis chez lui, dans une maison du Gard. Ça le rend un peu aigri et cassant.

 

Bon, mais est-ce que ça finit bien?

Je ne sais jamais ce que je peux révéler ou pas et en définitive je prends le parti d’en dire le moins possible. Cela devrait être au metteur en scène de répondre aux journalistes. Je ne sais pas pourquoi c’est toujours sur moi que ça tombe!

 

Est-ce que ça finit bien?

...

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Mais qui sont ces gens? de Manon Pulver dans mise en scène de Julien George est à découvrir au Théâtre du Loup à Genève du 5 au 21 octobre 2018. Avec Laurent Deshusses, Etienne Fague, Camille Figuereo, Mariama Sylla et Julien Tsongas.

Renseignements et réservations au +41.22.301.31.00 ou sur le site du théâtre www.theatreduloup.ch

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